Les critiques de Porphyre

De Ebior
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L’auteur

PORPHYRE, en grec Porphyrios, est un philosophe grec, né à Tyr en Phénicie en 232/233 après Jésus-Christ. Son nom phénicien original était Malchus, " le roi ". Il étudia la rhétorique à Athènes avec LONGIN et en 262 rencontra à Rome PLOTIN (205-270), l’un des fondateurs du néoplatonisme, dont il édita l’œuvre en six livres : les Ennéades.

Porphyre est en outre l’auteur de nombreuses œuvres philosophiques et techniques dont quelques-unes nous sont parvenues :

  • L’Isagogè ou Introduction [aux Catégories d’ARISTOTE], son œuvre la plus importante, qui pose le problème des universaux. Elle influença BOÈCE qui la traduisit en latin ainsi que toute la philosophie médiévale postérieure.
  • De l’abstinence : un traité en quatre livres sur le végétarisme
  • La vie de PLOTIN : une biographie de son maître et une préface aux Ennéades
  • La vie de PYTHAGORE : sans doute extraite d’une Histoire de la philosophie
  • La lettre à Marcella : une lettre morale adressée à sa femme
  • Sur le retour de l’âme : traité sur les rapports entre la philosophie et la religion
  • L’antre des nymphes : un traité d’exégèse homérique qui, partant de onze vers de l’Odyssée, en restitue le sens symbolique et mystique.
  • Un commentaire incomplet sur les Harmonica (traité mathématique sur la musique) de PTOLÉMÉE (milieu du IIème siècle après Jésus-Christ)
  • Une introduction au Tetrabiblos (traité d’astrologie) de ce même PTOLÉMÉE

Violemment hostile au christianisme, Porphyre écrivit un traité en 16 livres, " Contre les Chrétiens ", qui fut brûlé sur l’ordre de l’empereur THÉODOSOSE II en 448 et qui est maintenant perdu, malgré quelques citations conservées chez différents auteurs : JÉRÔME, EUSÈBE dans sa Préparation évangélique, AUGUSTIN et peut-être MACARIOS. Mais il est excessif de parler de censure systématique et organisée.

D’abord parce que, malgré sa réputation d’ennemi des chrétiens, une grande partie de son œuvre subsiste néanmoins et parce qu’une œuvre qui heurte le lecteur dans ses convictions en le considérant comme un attardé a peu de chance d’être lue et encore moins d’être copiée.

Porphyre fut également le maître de JAMBLIQUE (250-325), un autre philosophe néoplatonicien et mourut vers 304/305.

La réfutation de MACARIOS

En 1867, Charles BLONDEL découvrit en Épire (région de Grèce) un manuscrit grec incomplet du 15ème siècle contenant une œuvre en cinq livres alors inconnue, portant le titre d’Apocriticos ou plus correctement de Monogénès [Logos] (" L’unique  (Parole) ", titre donné au Fils de Dieu), et écrit par un certain MACARIOS (Macaire en français) . Le texte incomplet qui s’étendait du milieu du livre II jusqu’au milieu du livre IV fut publié en 1876 par un ami, trois ans après la mort de BLONDEL Cette édition, très rare aujourd’hui parce qu’elle n’a pas été rééditée, était jusqu’à peu la seule disponible car le manuscrit disparut définitivement par la suite.

Cette œuvre se présente comme un débat public s’étalant sur cinq journées entre un philosophe païen qui reste anonyme et un auteur chrétien. L’adversaire païen émet des objections précises contre les paroles du Christ, contre les apôtres ou contre des passages de l’Ancien et surtout du Nouveau Testament qui sont cités de manière précise ; Macarios y répond pour défendre le christianisme et la discussion peut repartir pour un second ou même pour un troisième tour.

Plusieurs problèmes restent en suspens : le débat est-il réel ou fictif, Macarios a-t-il inventé en partie les objections qu’il présente ou les a-t-il empruntées à une œuvre existante ?

Depuis le travail d’A. Von HARNACK en 1916, on pense généralement qu’il s’agit du traité " Contre les Chrétiens ", écrit par PORPHYRE de TYR à la fin du IIIème siècle mais il ne s’agit que d’une hypothèse, tout au plus. On pourrait penser également à CELSE, à l’empereur JULIEN ou à HIÉROCLES de Bithynie ou à une compilation et une réécriture effectuée par MACARIOS lui-même ou par un abréviateur antérieur. Pour simplifier, considérons simplement que PORPHYRE est à l’origine du texte conservé.

Récemment, en 2003, Richard GOULET a publié une traduction française et une étude détaillée sur MACARIOS et sur le Monogénès. Il émet l’hypothèse qu’il s’agit de MACARIOS, évêque de Magnésie (Asie Mineure) en 403 et que le Monogénès aurait été écrit sous le règne de l’empereur VALENS (règne de 364 à 378). L’attribution à Porphyre des objections antichrétiennes lui parait vraisemblable mais sans preuve décisive.

Quelques extraits conservés

Note d’EBIOR : Je n’ai pas trouvé sur le WEB de traduction française du texte de MACARIOS et je n’ai pas eu un accès direct (seulement un compte-rendu) à l’étude de Richard GOULET, Macarios de Magnésie : Le Monogénès, Tome I et II, Paris,Vrin, 2003.

La traduction provisoire en français ci-dessous provient des sources suivantes :

La traduction en anglais des fragments de Macarios  (numéros en gras) et d’autres auteurs, attribués à Porphyre par HARNACK et disponible sur www.tertullian.org/fathers/porphyry_against_christians_02_fragments.htm

La reconstruction en anglais du " Contre les Chrétiens " par D.BRAUNBERG et R.PEARE disponible sur thriceholy.net/Texts/Adverse.htm

Une meilleure traduction sera disponible l’année prochaine mais voici les sigles utilisés :

{xxx} mots ajoutés dans la traduction française

{…} passage non traduit

[xxx] notes et commentaires ajoutés au texte

9 Jérôme, Commentaire sur Matthieu (sur 3,3)

Ce passage que PORPHYRE, homme impie, qui a écrit contre nous et a vomi sa folie dans beaucoup de livres, discute dans son quatorzième livre et dit : " Les évangélistes étaient des gens si peu qualifiés, non seulement dans les affaires du monde, mais aussi dans les divines Écritures, qu’ils ont attribué le témoignage, qui a été écrit ailleurs, au mauvais prophète. " Ce qu’il raille.

PORPHYRE souligne le passage au début de l’évangile de Marc dans lequel il est écrit : " Le début de l’Évangile de Jésus-Christ… Rendez droits ses sentiers. " Parce que le témoignage de Malachie et d’Isaïe ont été imbriqués, il demande de quelle manière nous pouvons imaginer que l’exemple a été pris d’Isaïe seulement. A cela les hommes d’Église ont répondu de façon très complète.

Voici la prophétie de Malachie en 3,1 : " Voici que j’envoie mon messager et il préparera le chemin devant moi " et celle d’Isaïe en 40,3 : " Une voix crie : Frayez dans le désert le chemin de YHWH, aplanissez dans la steppe une route pour notre Dieu. " Comme le fait remarquer saint Jérôme, les deux prophéties ont été réunies et mises sous le nom d’Isaïe, sans doute parce que c’est le plus important des prophètes. Le texte de Marc se présente ainsi : " Voici que j’envoie mon messager devant toi pour te frayer le chemin. Voix de celui qui crie : Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers. "

15 Macaire, Apocriticus, II, 12

Mais lui nous a déclaré encore plus sauvagement que les évangélistes étaient les inventeurs et non les historiens des événements concernant Jésus. Car chacun d’entre eux a écrit un récit de la passion qui n’est pas harmonisé mais aussi contradictoire qu’il pourrait l’être. Car l’un rapporte que, lorsqu’il fut crucifié, un certain homme remplit une éponge avec du vinaigre et le lui apporta. [Mc 15,36] Mais un autre dit, d’une manière différente : " Quand ils sont venus à l’emplacement du Golgotha, ils lui ont donné à boire du vin mélangé à du fiel et quand il eut goûté, il ne voulut pas boire. " [Mt 27,33] Et un peu plus loin " Et vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte disant Eloim, Eloim, lama sabachtani ? C'est-à-dire Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? " C’est Matthieu. [27,46] Et un autre dit : " Il y avait un récipient plein de vinaigre. Ayant alors plongé {?} un roseau dans le récipient plein de vinaigre, ils le présentèrent à sa bouche. Quand alors il eut pris le vinaigre, Jésus dit : C’est terminé et ayant plié la tête, il abandonna l’esprit " [Jn 19,29] mais un autre dit : " Et il a crié d’une voix forte et dit : Père, en tes mains, je vais remettre mon esprit. " Celui-ci semble être Luc. [23,46] De ce récit dépassé et contradictoire on peut admettre que c’est le compte-rendu de la souffrance non d’un seul homme mais de plusieurs. Car si un dit " En tes mains je vais remettre mon esprit " et un autre " C’est terminé " et un autre " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? " et un autre " pourquoi m’as-tu fait un reproche ? ",[cette parole ne figure pas dans les Évangiles] il est clair que c’est une invention discordante, soit se rapportant à plusieurs [personnes} qui ont été crucifiées ou à une seule qui mourut durement et ne donna pas une vision claire de sa passion à ceux qui étaient présents. Mais si ces hommes n’étaient pas capables de raconter les circonstances de sa mort d’une manière véridique, et simplement le répétaient à tour de rôle {?}, alors ils n’ont laissé aucun compte-rendu clair concernant le reste du récit.

Porphyre rapporte les dernières paroles de Jésus rapportées par les quatre évangélistes. Remarquons qu’il omet deux paroles citées par LUC, à forte signification théologique : " Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font (Lc 23,34) " et, en s’adressant au bon larron " En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. " Comme ces paroles sont fort différentes, l’auteur émet l’hypothèse absurde de plusieurs personnes crucifiées en même temps et confondues par les disciples ou simplement d’un mauvais compte-rendu des circonstances de la mort du Chris. Mais les évangélistes n’avaient pas pour but de rapporter toutes les paroles de Jésus, simplement celles qui correspondaient à leur compréhension intime de la Passion du Seigneur. Et de plus, à la seule exceptions de JEAN, ils n’étaient pas présents au pied de la croix et ont donc du recourir au témoignage d’autrui.

63 Macaire, Apocriticus, III, 1

Pourquoi le Christ n’a-t-il pas prononcé quelque chose digne de celui qui était sage et divin lorsqu’il fut conduit devant le grand prêtre ou devant le gouverneur ? Il aurait pu donner un enseignement à son juge et à ceux qui se tenaient autour et les rendre des hommes meilleurs. Mais il a supporté d’être frappé avec un roseau, d’être craché sur lui et d’être couronné avec des épines, à la différence d’Apollonios [Apollonios de Tyane, un philosophe néo pythagoricien et un thaumaturge du Ier siècle de l'ère chrétienne, né en 16 après Jésus-Christ à Tyane en Cappadoce et mort à Éphèse en 97 ou en 98. Notice de Wikipedia]qui, après avoir parlé hardiment à l’empereur Domitien [règne de 81 à 96 après Jésus-Christ], disparut de la cour royale et fut aperçu peu d’heures après dans la cité appelée alors Dicaearchia et maintenant Pouzzoles [important port romain près de Naples en Italie]. Mais même si le Christ a du souffrir selon les ordres de Dieu et a été obligé de supporter la punition, il aurait au moins du enduré sa passion avec une certaine hardiesse et prononcés des mots {pleins de} force et de sagesse à Pilate, son juge, au lieu d’être ridiculisé comme n’importe quelle bécasse de bas-étage.

 La comparaison avec les prodiges effectués par Apollonios de Tyane est courante dans la polémique païenne antichrétienne. Mais Jésus n’est pas un sage ou un philosophe s’adressant simplement à l’élite (grand prêtre et gouverneur) par la parole pour " éblouir la galerie ". Sa souffrance physique et morale est une acceptation volontaire (et non une punition) de la volonté de Dieu, pour sauver tous les hommes par sa propre mort. Ceci dépasse de loin un " simple enseignement pour rendre les hommes meilleurs " qui n’auraient de toute façon servi à rien.

Macaire, Apocriticus, II, 13

Il  sera prouvé à partir d’un autre passage que les récits de sa mort étaient tous une question de conjecture. Car Jean écrit " Mais quand ils vinrent près de Jésus, quand ils virent qu’il était déjà mort, ils ne brisèrent pas ses jambes, mais un des soldats avec une lance perça son côté et immédiatement en sortit du sang et de l’eau. " [Jn 19,33-34] Uniquement Jean a raconté cela et aucun des autres. Il est désireux de porter témoignage sur lui-même quand il dit : ‘Et celui qui dit cela a porté témoignage et son témoignage est vrai. " [Jn 19,35] C’est à ce qu’il me semble la déclaration d’un simplet. Car comment le témoignage est-il vrai quand son objet n’a aucune existence ? Pour un homme des témoins de quelque chose de réel mais comment un témoin peut-il parler concernant quelque chose qui n’est pas réel ?

Les arguments de Porphyre ont souvent été repris à l’époque moderne : seul Jean rapporte l’événement. Mais alors il faudrait supprimer tous les faits rapportés par un seul témoin, circonstance habituelle dans ce qui nous reste de la littérature antique.

Le jaillissement simultané d’eau et de sang provenant du cœur peut paraître absurde à celui qui n’a pas de formation médicale mais les études récentes sur le Linceul de Turin ont montré qu’il s’agit du liquide péricardique qui ne se mélange pas au sang. Ceci n’empêche d’y voir, comme les Pères de l’Église, une figure des sacrements de l’eucharistie et du baptême.

64 Macaire, Apocriticus, II, 14

Il y a aussi un autre argument par lequel cette opinion corrompue peut être réfutée. Je veux dire l’argument {suivant} au sujet de sa résurrection qui est une conversation partout courante. Pourquoi Jésus, après sa passion et son ascension (selon votre histoire) n’est pas apparu à Pilate qui l’a puni et a dit qu’il n’avait rien fait qui mérite la mort ou à Hérode, le roi des juifs ou au grand prêtre de la nation juive, ou à beaucoup d’hommes en même temps et à ceux qui étaient dignes de crédit, et plus particulièrement parmi les romains, à la fois dans le Sénat et parmi le peuple ? (…)

Mais il est apparu à Marie-Madeleine, une femme grossière qui provenait de quelque petit village misérable et avait été par le passé possédée par sept démons et avec elle une autre Marie totalement obscure, qui était elle-même une femme paysanne, et quelques autres personnes qui n’étaient pas du tout bien connues. Et cela bien qu’il ait dit : " Dorénavant vous verrez le Fils de l’Homme assis à la main droite de la Puissance, arrivant sur les nuages. " [Mt 26,64] Sil s’était montré lui-même à des hommes renommés, tous auraient cru en lui et aucun juge ne les punirait comme fabricant des histoires monstrueuses. Sûrement il n’est agréable ni à Dieu ni à n’importe quel homme sensible que beaucoup soient soumis à cause de lui à des châtiments de l’espèce la plus grave.

Autre argument repris à l’époque moderne : pourquoi Jésus n’est-il pas apparu après sa mort aux puissants (Pilate, Hérode, le grand prêtre et les autorités romaines) qui auraient pu témoigner en sa faveur ? Parce que, connaissant le cœur orgueilleux des hommes, Il savait très bien que ceux-ci n’accepteraient jamais s’être trompé dans l’exercice de leur fonction. Et si, par hasard ils le reconnaissaient, comme cela sera le cas pour Paul, ils auraient été considérés comme chrétiens et leurs témoignages rejetés. Une situation comparable s’est reproduite à l’époque moderne dans certaines apparitions mariales à des protestants ou à des athées. Remarquons également le retournement des valeurs annoncé par l’Évangile : le Christ est apparu en premier lieu à deux femmes obscures ainsi qu’à des hommes de basse condition. Avec quel mépris Porphyre traite ces femmes : Marie-Madeleine est une femme grossière provenant d’un village inconnu ! A comparer avec la première place que leur accorde l’Évangile et à méditer par ceux qui ne voient la misogynie que dans l’Église uniquement.

61 Macaire, Apocriticus, III, 7

En outre, comme nous avons trouvé une autre petite parole inconséquente prononcée par le Christ à ses disciples, nous avons décidé de ne pas rester silencieux à ce sujet. C’est là où il dit : "  Les pauvres, vous en aurez toujours, mais vous ne m’aurez pas toujours. " [Mt 26,7] La raison de cette expression est la suivante. Une certaine femme apporta une boîte d’onguent en albâtre et le versa sur sa tête. Quand ils le virent et se plaignirent de cette action inopportune, il dit : " Pourquoi troublez-vous cette femme ? [Mt 26,10] Les pauvres, vous en aurez toujours, mais vous ne m’aurez pas toujours. " Ils n’ont élevé aucun murmure, que l’onguent n’a pas plutôt été vendu pour un grand prix et donné aux pauvres comme dépense pour leur faim. Apparemment, comme résultat de cette conversation inopportune, il prononça cette parole insensée, déclarant qu’il ne serait pas toujours avec eux alors qu’ailleurs il avait affirmé avec confiance et leur avait dit : " Je serai avec vous jusqu’à la fin du monde." [Mt 28,20]. Mais lorsqu’il était perturbé par l’onguent, il nia qu’il serait toujours avec eux.

Toujours la même recherche de la contradiction. Mais Porphyre ne voit pas ou ne veut pas voir que la première parole se rapporte à un épisode particulier de la vie du Christ, pendant qu’il vivait auprès de ses disciples alors que la seconde se rapporte à la situation générale du Christ qui, bien que retourné auprès de son Père, n’abandonnera pas son Église par sa présence dans l’eucharistie et dans la prière.

Observations et conclusions

72 Macaire, Apocriticus, II, 15

{Conclusion du passage qui peut servir de conclusion générale} {…}

Tout le non-sens obscur dans les Évangiles devrait être proposé à de bêtes femmes, non à des hommes. Si nous étions préparés à examiner plus étroitement de tels points, nous découvririons des milliers d’histoires obscures qui ne contiennent pas un simple mot qui mérite la découverte.

Toujours le même mépris des femmes que l’on retrouve de manière atténuée chez les apôtres eux-mêmes (Lc 24,11).

Quelques points méritent d’être soulignés

  1. Tout comme les autres auteurs païens critiquant le Christ et les chrétiens (CELSE, LUCIENJULIEN, HIEROCLES) mais à l’opposé de certains auteurs contemporains, Porphyre ne met pas en doute l’existence historique de Jésus-Christ.
  2. PORPHYRE reste très discret sur les miracles et la résurrection du Christ car lui-même croyait à l’existence des démons, bons ou mauvais, ainsi qu’aux prodiges effectués par Apollonios de Tyane. Ce n’est donc pas un précurseur du rationalisme comme, par anachronisme, une certaine critique athée veut le présenter.
  3. Par contre, il est bien le précurseur d’une certaine critique moderne qui, à partir des textes des Écritures, recherche systématiquement et partout la contradiction dans les moindres détails. Et cela sans connaître véritablement en profondeur le sujet, qui reste souvent encore méconnu. La plupart des arguments de Porphyre se situent " aux ras des pâquerettes " , dans une approche littérale des textes qui pourrait s’appliquer à n’importe quoi : ils ne sont pas très convaincants pour un lecteur ordinaire.
  4. Mais surtout, la plupart des arguments de Porphyre consiste simplement à affirmer que quelque chose est stupide ou hors de propos, mais sans discussion rationnelle. On pourrait presque parler de slogans, d’affirmations martelées sans cesse et même d’intimidation.
  5. Et son mépris des femmes, des humbles et des simples, caractéristique de l’ancienne mentalité païenne, n’ont pas du le rendre sympathique aux lecteurs des générations suivantes devenues chrétiennes. C’est sans doute la principale explication à la disparition de son traité " Contre les chrétiens ".