Evangelium Vitae L'Evangile de la Vie (3ème partie)

De Ebior
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Nous poursuivons "l'écoute" de l'encyclique suivant le cheminement proposé dans nos deux numéros précédents (I et II).

Nous avons abordé successivement la tonalité dominante d'Evangelium Vitae, puis deux motifs d'exprimer tout particulièrement notre joie à l'AFALE : le primat de la Parole et le rôle privilégié de la Famille.

Voici encore deux raisons de nous réjouir, spécialement dans la perspective de notre projet missionnaire.

C - L'urgence de la nouvelle évangélisation.

Jean Paul II donne une définition claire et complète de ce qu'est l'évangélisation au § 78 :

"L'évangélisation est une action globale et dynamique, qui conduit l'Eglise à participer à la mission prophétique, sacerdotale et royale du Seigneur Jésus. C'est pourquoi elle comporte inséparablement les dimensions de l'annonce, de la célébration et du service de la charité. C'est un acte profondément ecclésial, qui met en jeu tous les ouvriers de l'Evangile, chacun selon ses charismes et son ministère.

"Ainsi en est-il aussi pour l'annonce de l'EVANGILE DE LA VIE, partie intégrante de l'Evangile qui est Jésus-Christ. Nous sommes les serviteurs de cet Evangile, soutenus par la conscience de l'avoir reçu en don et d'être envoyés pour le proclamer à toute l'humanité "jusqu'aux extrémités de la terre" (Ac 1, 8).

C'est la Parole de Dieu annoncée, priée, célébrée et vécue, vision et détermination chères au Père Loew, et à l'AFALE.

Le Pape observe dans cet esprit au § 88 : "Tout cela comporte une action éducative, patiente et courageuse, qui incite chacun à porter les fardeaux des autres" (Ga 6, 2).

Et au § 79, le Pape précise :

"Nous sommes envoyés : être au service de la vie n'est pas pour nous un motif d'orgueil, mais un devoir né de la conscience d'être le peuple que Dieu s'est acquis pour proclamer ses louanges" (cf. 1 P 2, 9).

"L'engagement au service de la vie concerne tout un chacun. C'est une responsabilité proprement "ecclésiale", qui exige l'action concertée et généreuse de tous les membres et de tous les organismes de la communauté chrétienne. Cependant, le devoir commun n'élimine pas et ne diminue pas la responsabilité individuelle, car c'est à chaque personne que s'adresse le commandement du Seigneur.

Et nous avons vu dans notre dernier numéro avec quelle insistance le Pape rappelle cette fois encore le rôle premier qu'a vocation de jouer la famille, notamment les parents, dans cette évangélisation. Je n'y reviendrai pas aujourd'hui.

D Le caractère rationnel de la foi

"Les commandements peuvent être connus de tous à la lumière de la raison et peuvent être observés grâce à l'action mystérieuse de l'Esprit qui, soufflant où Il veut (cf. Jn 3,8), rejoint et entraîne tout homme qui vit en ce monde." § 77 Oui, la Foi n'est pas contraire à la raison. Elle la conforte.

 III Le caractère non fondé des reproches avancés par certains

Je reprends point par point les objections signalées dans mon article précédent.

 A - L'œcuménisme

Cette objection est vraiment sans objet. Le Pape ne cesse d'œuvrer pour la réconciliation :

"Puisions-nous célébrer ensemble le Jubilé de l'an 2000 !" "Ce que nous avons en commun est plus important que ce qui nous divise", déclarait-il aux participants du Colloque "Sur les relations entre catholiques et luthériens, trente ans après Vatican II", organisé du 12 au 15 mars à Farda, près de Rome (cf. La Croix du vendredi 17 mars 1995).

Et le jeudi 6 avril dans cette même préoccupation, il recevait Konrad Raiser, secrétaire général du Conseil Œcuménique des Eglises.

Enfin, nous avons vu combien, avant de rédiger l'encyclique, il avait sollicité les avis de toutes parts.

Dans "l'Evangile de la Vie", aucune affirmation ne saurait constituer un obstacle au vœu le plus cher du Saint Père qui est d'œuvrer à un œcuménisme authentique, basé sur la Parole de Dieu.

Mais surtout dans le même temps, Jean Paul II travaillait à une nouvelle encyclique" UT UNUM SINT". Qu'ils soient UN (promulgué le 25 MAI) qui traite en profondeur de ce gravissime problème. Encore un "testament" que les censeurs n'avaient pas vu venir !

B L'explosion démographique

Pour bien cerner le problème, constatons en premier lieu que la questionne ne se pose pas en France où l'on constate au contraire un effondrement démographique.

De 1972 à 1994, le chiffre des naissances est tombé de 877.500 à 708.000 (une chute de 47 % par exemple pour le département du Cantal). Le taux de natalité est particulièrement faible dans le Limousin : 1,3 par femme. La moyenne nationale pour les femmes de nationalité française d'origine, serait de 1,55 (2,7 pour les étrangères).

La déchristianisation a beaucoup contribué à cette dégradation. Ce déclin démographique a commencé dès 1973. Les causes en sont connues : pilule contraceptive, banalisation de l'avortement, divorce par consentement mutuel, absence d'une politique dynamique de la famille, fiscalité favorisant le concubinage, etc.

Mais l'EVANGILE DE LA VIE a une vocation universelle. Le Pape aborde donc le sujet au plan global et observe au § 91 :

"Les problèmes démographiques constituent aujourd'hui un aspect important de la politique pour la vie. Les pouvoirs publics ont certes la responsabilité de prendre des initiatives "pour orienter la démographie de la population", mais ces initiatives doivent toujours présupposer et respecter la responsabilité première et inaliénable des époux et des familles, elles ne peuvent inclure le recours à des méthodes non respectueuses de la personne et de ses droits fondamentaux, à commencer par le droit à la vie de tout être humain innocent"

"Il y a bien d'autres façons de résoudre le problème démographique. Les gouvernements et les diverses institutions internationales doivent tendre avant tout à la création de conditions économiques, sociales, médicales, sanitaires et culturelles (optimales). Ils doivent ensuite s'efforcer d'augmenter les moyens et de distribuer avec une plus grande justice la richesse pour que tous puissent participer équitablement aux biens de la création. Il faut trouver des solutions au niveau mondial, en instaurant une véritable économie de la communion et de participation aux biens, tant dans l'ordre international que national".

C Les avancées des techniques et des recherches médicales

Le Pape les souligne avec une très grande satisfaction au § 26

 "La médecine, servie avec beaucoup d'ardeur par les chercheurs et les membres des professions médicales, poursuit ses efforts pour trouver des moyens toujours plus efficaces : on obtient aujourd'hui des résultats autrefois impensables et qui ouvrent des perspectives prometteuses en faveur de la vie naissante, des personnes qui souffrent et des malades en phase aiguë ou terminale. Des institutions et des organisations variées se mobilisent pour faire aussi bénéficier de la médecine de pointe les pays les plus touchés par la misère et les maladies endémiques.

Des associations nationales et internationales de médecins travaillent de même pour porter rapidement secours aux populations éprouvées par les calamités naturelles, les épidémies ou les guerres."

D - Le sida et l'accompagnement des malades en phase terminale

Contrairement aux affirmations de Mgr Gaillot, le Pape traite à deux reprises les problèmes que posent le sida et les maladies les plus redoutables. Il a le souci de le faire sous un aspect positif, en se félicitant des initiatives posées pour venir en aide aux malades.

"Face à des situations de gêne, de déviance, de maladie et de marginalité, d'autres structures comme les communautés de réhabilitation des toxicomanes, les communautés d'hébergement des mineurs ou des malades mentaux, les centres de soin et d'accueil des malades du SIDA, les associations de solidarité pour les personnes handicapées Sont une expression éloquente de ce que la charité sait inventer pour donner à chacun de nouvelles raisons d'espérer et des possibilités concrètes de vivre."

Au § 88 :

Et dans cet esprit, au § 47, Jean Paul Il rappelait déjà que la préoccupation première de Jésus fut de secourir (et guérir) les malades.

Jésus est envoyé par le Père pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres et panser les cœurs meurtris (Lc 4, 18 ; Is 61, 1). Envoyant à son tour ses disciples à travers le monde, il leur confie une mission dans laquelle la guérison des malades s'accompagne de l'annonce de l'Evangile : "Chemin faisant, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons" (Mt 107-8 ; Mc 6, 1 ; 16, 18).

Il rappelle cependant que "personne ne peut choisir arbitrairement de vivre ou de mourir ; ce choix, seul le Créateur en est le maître absolu. lui en qui nous avons la vie, le mouvement et l'être" (Ac 17, 28).

Votre "lexique" de l'encyclique

Je vous ai promis un petit lexique des différents problèmes de société évoqués par le Pape dans son encyclique, avec le rappel des alinéas concernés. Le voici :

  1. Acharnement thérapeutique : § 64
  2. Avortement : § 13 (cf. également IVG)
  3. Bénévolat (au service des malades et des plus démunis) : § 39 et § 47
  4. Conseillers conjugaux et familiaux (§ 88)
  5. Contraception § 13
  6. Culture (pour une nouvelle culture de la vie humaine) : tout le chapitre IV.
  7. Démocratie: § 70, 71, 72
  8. Démographie: § 91
  9. Distribution injuste des ressources : § 10
  10. Don d'organes : § 86
  11. Ecologie: § 27
  12. Epoux coopérateurs de Dieu Créateur : § 43
  13. Espérance (signes contemporains d') : § 27
  14. Ethique: § 27 et 95
  15. Etre (L'Etre avant l'Avoir) : § 23
  16. Euthanasie: § 15, 64, 65 et 73
  17. Evangélisation et première annonce : § 78, 79, 80, 81, 82 et 88
  18. Expérimentations sur embryons et fœtus humains : § 63
  19. Famille : § 43, 92 et 93
  20. Hédonisme : § 13
  21. Homme:
    - appelé à la plénitude de vie : § 2, 80,
    - atteintes à sa dignité : § 3
    - la Gloire de Dieu resplendit sur son visage : § 34
    - route première et fondamentale de l'Eglise : § 2 
  22. La vie de l'homme est la vision de Dieu : § 38
  23. IVG : § 13,57,58, 60, 61 et 81
  24. Jésus vrai DIEU dès son stade embryonnaire : § 45
  25. Jeunes (au service des) : § 88
  26. Loi (loi morale et loi civile) : § 71
  27. La loi du Seigneur est tout entière au service de la vie humaine : §48
  28. Malades (guérison et accompagnement des) : § 47
  29. Maternité de Marie et de l'Eglise : § 103
  30. Morale objective: § 70
  31. Pauvres (défense des pauvres et des plus faibles) : § 5 et 8
  32. Peine de mort : § 27
  33. Personnes âgées : § 94
  34. Procréation médicalement assistée : § 64
  35. Progrès médicaux : § 26
  36. Raison (Foi rationnelle) : § 48, 77
  37. Responsabilité collective : § 59
  38. Sexualité:
  39. dépersonnalisée et exploitée : § 23
  40. permissive et maîtrisée : § 59, 95, 97
  41. SIDA § 88
  42. Structures de péché et culture de mort : § 59
  43. Suicide: § 66
  44. Vie:
    - caractère sacré de la vie : § 39, 40, 53, 61 et 62
    - vie éternelle : § 37,38

Conclusion

Si nous avons consacré trois articles à cette encyclique, c'est qu'il nous paraît essentiel de faire prendre conscience à chacun de la dimension politique et sociologique de l'EVANGILE DE LA VIE. Jean Paul II avec vigilance et discernement en énonçant cet enseignement toujours fondé sur l'Evangile, tient tête ainsi à tous les destructeurs de la personne humaine en "tirant du trésor de l'Evangile" des notions comportementales de bon sens qui devraient être perçues (en dépit du tohu-bohu médiatique) par tous comme absolument évidentes, normales et authentiques.

D'où les criailleries des censeurs qui s'efforcent de relancer la campagne en s'étonnant que le Pape "simple évêque de Rome", ne prenne pas sa retraite à 75 ans ; faute de le "tuer", on veut le mettre à la retraite car il gêne ; il n'entre pas dans le moule, dans l'idée qu'ont certains de la modernité, idée qu'ils entendent imposer envers et contre tous, ou en affirmant gratuitement qu'il ne fait plus recette. (Cf. la présentation de son voyage en République tchèque, alors que les foules, notamment en Moravie, étaient bien présentes au rendez-vous),

A nous de démontrer que le Pape n'est pas seul et d'œuvrer à évangéliser notre temps à partir de la Parole et de la communauté familiale, cellule de base de la société.

Cela implique, rappelons-le, trois volets :

  1. l'écoute de l'Ancien Testament
  2. du Nouveau Testament
  3. et de l'enseignement du Magistère, actualisation pour notre temps de la portée du Message évangélique.

En communion d'espérance.

Auteur : Louis Lucrot

Paru dans l'AFALE Magazine , n° 204, mai 1995