Quelques réflexions sur l’exégèse biblique en général

De Ebior
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« Les Évangiles ne sont pas des documents d’histoire. Ils n’ont pas été composés pour faire connaître Jésus qui a vécu en Galilée et qui est mort à Jérusalem. Ce sont des documents religieux qui présentent ce que Jésus était pour la foi des milieux dans lesquels ils ont été composés »

« Là où RENAN au XIX ème siècle parlait d’une page, certains critiques ne parlent plus que d’une ligne d’histoire. »

Ces affirmations de Maurice GOGUEL (1870-1955), professeur à la Faculté protestante de Paris, sont si souvent reprises sous une forme ou une autre dans les manuels d’étude du Nouveau Testament que le lecteur en arrive à oublier qu’l s’agit essentiellement d’un postulat, c’est-à-dire une affirmation posée à priori, avec des arguments insuffisants ou même inexistants mais selon des présupposés philosophiques bien précis.

Les présupposés de l’exégèse biblique dans la méthode historico-critique

Les présupposés philosophiques : le rationalisme et l’idéalisme

En effet, il s’avère regrettable que les premières tentatives de reconstitution de la vie de Jésus soient tributaires de diverses idéologies ou présupposés :

  • Les conceptions rationalistes qui nient à priori toute explication surnaturelle ou même tout événement incompréhensible sortant du cadre étroit des conceptions de l’auteur ou de son époque ( REINHARD en 1781, BAHRDT en 1786 avec sa célèbre mais stupide explication de la multiplication des pains selon laquelle Jésus aurait simplement procédé à un partage de provision, PAULUS en 1828 et SCHLEIERMACHER en 1832.

Dans le même ordre d’idées, il est frappant de constater que le même Marcellin BERTHELOT, secrétaire de l’Académie des sciences de Paris qui refusa, en 1902, les travaux d’Yves DELAGE sur le Linceul de Turin refusa également les travaux d’AVOGADRO et de GAY-LUSSAC sur l’atome, découvert alors depuis peu. La fidélité au réel, même et surtout déconcertant, est la seule méthode scientifique possible. Sinon toutes les affirmations de la physique moderne, en particulier de la relativité générale et de la mécanique quantique, théories contemporaines parfaitement rationnelles car provenant de la raison humaine, seront considérées par des exégètes même actuels, comme des fables irrationnelles inventées par des esprits fumeux et exaltés.

C’est ainsi que les particules élémentaires, se présentant à la fois sous un aspect ondulatoire et sous un aspect corpusculaire, peuvent apparaître et disparaître instantanément, se situer à plusieurs endroits différents en même temps, interagir avec elles-mêmes ou même remonter le temps !

De manière générale, ces particules n’ont pas de réalité objective en-dehors de nos observations et ne peuvent être décrites que par des probabilités.

Diverses interprétations de la mécanique quantique peuvent paraître délirantes pour le sens commun, en particulier la célèbre expérience imaginaire du chat introduit dans une boite dans laquelle un événement aléatoire peut déclencher un gaz mortel. Comment savoir ce qui s’est produit, sans ouvrir la boîte ?

Pour le physicien Erwin SCHRODINGER (interprétation standard de Copenhague), le chat se trouve dans une situation complexe représentée par une fonction mathématique qui contient à la fois la possibilité que le chat soit mort et celle qu’il soit vivant. Ce n’est que lorsque nous regardons à l’intérieur de la boîte, et pas avant, que l’une des deux possibilités s’actualise et que l’autre disparait : on dit que la fonction s’effondre.

Pour le physicien Hugh EVERETT (théorie des mondes parallèles ou divergents), la fonction mathématique représentant le chat ne s’effondre jamais : l’animal est à la fois vivant et mort. Lorsque nous regardons dans la boîte, cette fonction se divise en deux parties, l’une associée à la branche de la réalité dans laquelle le chat est mort et l’autre à une branche de la réalité dans laquelle le chat est vivant.

En conclusion, dans les deux interprétations, le sort de l’animal n’est pas déterminé avant l’ouverture de la boîte ! C’est parfaitement fou mais le monde fonctionne de cette manière à l’échelle atomique.

Les textes bibliques, dans leur simplicité, sont heureusement fort éloignés des spéculations contemporaines de la mécanique quantique. Retenons toutefois que le monde physique et matériel ne peut plus s’interpréter en termes rationalistes de dissimilarité ( corpuscule OU bien onde) mais au contraire de complémentarité (corpuscule ET onde) . Les objections habituelles contre l’existence de réalités surnaturelles ne sont donc plus valables car il s’agit d’un nouveau paradigme, d’une nouvelle façon de penser le monde.

Cf. le Credo de Nicée : « Nous croyons en un seul Dieu Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles « 

et le symbole de Chalcédoine : « nous confessons un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité, et le même parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme « 

Par opposition, citons Xavier LEON-DUFOUR dans le Vocabulaire théologique biblique à propos des apparitions du Christ : « Les narrateurs n’ont pas voulu rédiger une chronologie biographique des apparitions du Ressuscité. Il est impossible de coordonner les récits dans l’espace ou dans le temps. Le concordisme qui fait se succéder les apparitions à Jérusalem, le jour de Pâques (Lc et Jn) et le huitième jour (Jn), puis en Galilée (Mt, Jn) et de nouveau à Jérusalem pour l’Ascension (Lc), sacrifient des données littéraires certaines. »

Remarquons les affirmations sans preuve comme celle de l’Ascension le jour de Pâques, le choix forcé – les apparitions doivent avoir eu lieu à Jérusalem OU en Galilée – et la tendance à refuser ce que l’on n’explique pas au lieu de constater simplement son ignorance ou le manque d’information. De plus des explications qui ont le mérite d’exister ont été proposées par d’autres exégètes, en autre par Jean CARMIGNAC qui se sert du calendrier de Qumran pour expliquer les apparentes divergences. Mais comme c’est aussi impossible qu’un chat à la fois vivant et mort, l’auteur n’en fait pas mention et le lecteur ne sera pas au courant des différentes recherches existantes.

  •  Les conceptions idéalistes, inspirées de la philosophie de l’histoire de HEGEL, selon lesquelles les évangiles ont été écrits pour exprimer des idées au moyen de mythes, qui sont l’expression symbolique d’une croyance. Dans ce cas, la personne même de Jésus n’a jamais existé. (STRAUSS en 1865 publia le Christ de la foi et le Jésus de l’histoire, distinction demeurée célèbre et qui reste un véritable dogme, encore aujourd’hui pour beaucoup de chercheurs, en particulier pour l’école de Tübingen qui se base plus sur l’analyse des textes. L’idéalisme affirme qu’on ne connait que sa propre connaissance et que seul le sujet connaissant est digne d’intérêt, la réalité étant plus ou moins évacuée. Il réduit donc le réel à l’intelligible.

La réunion des présupposés rationalistes et idéalistes donne la priorité à la créativité du sujet connaissant (les communautés chrétiennes primitives) sur l’objet à connaître (la dimension historique de JÉSUS de Nazareth) qui devient secondaire ou banal, voire inexistant. C’est ainsi que le même STRAUSS, élabora, à partir de 1835, le célèbre schéma du theologoumenon : « tout phénomène miraculeux ou extraordinaire ne pouvant exister, doit être expliqué comme un produit mental ou littéraire, c’est-à-dire un mythe. »

La principale objection à cette théorie provient de son côté anachronique, erreur qui consiste à attribuer des usages ou des idées aux hommes d’une époque où ces idées ou ces usages n’étaient pas encore connus. L’idéalisme tel que nous le connaissons n’apparait qu’au XVIII ème siècle avec les philosophies de BERKELEY (1685 – 1753, « être, c’est être perçu ou percevoir »), de KANT (1724 – 1804) pour qui la raison ne peut connaitre que les phénomènes et surtout HEGEL (1770 – 1831) pour qui la seule réalité est l’Esprit absolu : l’esprit est tout et tout est esprit.

Ces conceptions sont totalement inconnues des philosophes antiques et en particulier de PLATON pour qui existe certes une distinction entre le monde visible et le monde intelligible des Idées. Mais ces dernières possèdent une existence indépendante de nos pensées : PLATON est donc un réaliste de l’intelligible et non un idéaliste au sens philosophique du terme . La même constatation s’applique d’autant plus aux rabbins du Talmud et aux Pères de l’Église.

Citons saint IGNACE, troisième évêque d’Antioche et martyr vers 110, qui écrit aux fidèles de l’église de Smyrne :

« Vous êtes fermement convaincus, au sujet de notre Seigneur, qu’il est vraiment issu de la race de David selon la chair, Fils de Dieu selon la volonté et la puissance de Dieu, véritablement issu d’une vierge, qu’il a vraiment été cloué pour nous dans sa chair sous Ponce Pilate et le tétrarque Hérode. Tout cela, il l’a souffert pour nous, afin que nous soyons sauvés ; et il a vraiment souffert, comme aussi il est véritablement ressuscité. Pour moi, je sais que, même après sa résurrection, il était dans la chair, et je crois qu’il est encore dans la chair. »

Dans ce texte, les mots « vraiment », « véritablement « et « chair » apparaissent respectivement deux, trois et quatre fois.

Saint IGNACE se situe dans la droite ligne de saint JEAN qui affirme lui aussi que « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et ce que nos mains ont touché, du Verbe de vie. Car la Vie a été manifestée, et nous l'avons vue, et nous lui rendons témoignage, et nous vous annonçons la Vie éternelle, qui était dans la sein du Père et qui nous a été manifestée. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous, et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ « (1 Jn 1,1-3).

Nous sommes bien dans un contexte réaliste basé sur l’expérience corporelle des sens, très éloigné de l’idéalisme affirmé par de nombreux chercheurs et des théories docètes de l’antiquité selon lesquelles le Christ aurait fait semblant de souffrir, sous prétexte que Dieu, dans sa divinité, ne peut pas souffrir et à fortiori mourir. Il s’agit bien ici d’un raisonnement rationaliste et intellectualiste, procédant par exclusion à priori : JESUS ne peut pas être Dieu et homme, donc l’une des branches de l’alternative doit être préférée à l’autre.

C’est toujours le paradigme du OU bien Ou bien : Jésus doit être un homme OU bien Dieu mais pas les deux simultanément parce que c’est impossible à concevoir.

Au contraire, les écrivains anciens sont imprégnés par la lecture des textes bibliques dont ils distinguaient

le sens littéral ou historique qui concerne le passé par opposition aux divers sens spirituels suivants :

  •  Le sens allégorique ou typologique qui fait la relation entre les différentes époques du passé en interprétant l’Ancien Testament en fonction des événements du Nouveau Testament, en particulier dans la personne du Christ
  •  Le sens tropologique ou moral qui concerne uniquement notre présent en recherchant les étapes que l’homme doit parcourir pour parvenir à Dieu
  •  Le sens anagogique qui concerne le futur en recherchant les réalités de la fin des temps ou eschatologiques.

Et ces conceptions concernent à fortiori les pêcheurs et apôtres galiléens, des personnes plein de bon sens, parfois très terre-à-terre, à la philosophie réaliste et populaire. Dans de nombreux passages du seul évangile de saint MATTHIEU pris comme exemple, ils n’apparaissent certainement pas comme des croyants rêveurs et perdus dans leur imagination .

Quelques exemples suffisent à le prouver :

8,27 : leurs réactions de peur devant la tempête

14, 15-17 : leur désir de renvoyer la foule juste avant la première multiplication des pains

14,14-31 : leurs réactions effrayées devant la marche de Jésus sur les eaux

15,33 : leur embarras lors de la seconde multiplication des pains

16,22 : le rejet de Pierre de l’annonce de la Passion et de la Résurrection de son maître

17,6 : leur incompréhension devant la Transfiguration

20,40-45 : leur faiblesse humaine à Gethsémani

26,70-74 le reniement de Pierre

Homme de foi ne signifie pas homme crédule ou indifférent aux réalités terrestres.

Un exemple de réduction rationaliste : les récits de guérisons et d’exorcismes

A ce sujet, deux affirmations reviennent régulièrement :

1. les apôtres et les premières communautés chrétiennes ont naïvement confondu les guérisons et les exorcismes, n’ayant aucune connaissance médicale dans ce domaine

2. les apôtres et les premières communautés chrétiennes vivaient dans un monde rempli de merveilleux, où le miracle c'est-à-dire tout ce qui dépassait leur faible compréhension faisait partie de la vie quotidienne

Examinons ces deux affirmations par une étude de l’évangile selon saint Marc. Celui-ci comporte

  •  neuf récits de guérisons

1,40 : un lépreux ;

1,29-31 : la belle-mère de Pierre qui a une fièvre ;

2,1-12 : un paralysé ;

3,1-6 : un homme à la main paralysée ;

5, 24 : une femme atteinte d’hémorragie ;

6,55-56 : de nombreux malades à Génésareth ;

7,31-37 : un sourd-muet ;

8,22 : un aveugle ;

10,46 : l’aveugle Bar Timée.

Remarquons qu’à chaque fois, la caractéristique de la maladie est indiquée.

  •  trois récits de possession

1,23 : un homme ;

5,1-20 : les deux démoniaques gadamériens ;

9,14-29 un enfant possédé

  •  un récit général juxtaposant guérisons et exorcismes mais sans aucune confusion

1,32-34 : Jésus guérit de nombreux malades et chasse de nombreux démons

La conclusion tirée de ces extraits des Évangiles est formelle : Jésus , ses apôtres et les évangélistes différencient constamment maladie et possession, pour les personnes (le cas de la belle-mère de Simon n’est pas celui de Marie-Madeleine) , pour le diagnostic, comme pour le rite de libération : imposition des mains, onction et souffle pour la première, commandement impérieux à distance au démon pour la seconde (LAURENTIN, Vie authentique de Jésus-Christ, p. 216 et 277).

De plus cet auteur fait remarquer que la traduction habituelle du passage au chapitre 9 verset 18, telle qu’on le trouve par exemple dans la TOB, n’est pas correcte.

« L’esprit s’empare de lui n’importe où, il le déchire ( et non « il le jette à terre « ). Alors, il écume, grince des dents et se dessèche (et non «il devient raide »).

Cette description détaillée ne correspond pas aux symptômes d’une crise d’épilepsie, comme on l’affirme généralement, par exemple dans la TOB. Ceci est confirmé par les tendance suicidaires décrites au verset 22 qui ne sont pas non plus de type épileptique.

Elles sont plus proches de l’hystérie (mais dans ce cas le malade n’est pas muet et ne sort pas instantanément de son état) et de la possession, hypothèse qu’il faut prendre en considération car c’est elle qui correspond le mieux aux descriptions fournies.

Quant à la propension au merveilleux, examinons les réactions de la foule :

Mc 1,27 Ils furent tous tellement saisis qu’ils se demandaient les uns les autres : « Qu’est-ce que cela ? Voilà un enseignement nouveau, plein d’autorité »

Mc 2,12 Tous étaient bouleversés et rendaient gloire à Dieu en disant : « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. »

Mc 5,20 Tous étaient dans l’étonnement

Ces paroles et ces attitudes sont celles de témoins oculaires, stupéfaits de ce qu’ils ont vu et entendu, tout comme le seraient nos contemporains placés dans les mêmes situations.

Ce ne sont pas des réactions de crédulité, bien au contraire.

De plus les exégètes n’insistent pas sur la radicale nouveauté de ces situations, inconnues auparavant comme l’affirment les témoins. On pourrait en conclure, mais ce n’est qu’une hypothèse que les nombreux cas d’exorcismes décrits dans les évangiles ne faisaient pas partie « de la vie courante de l’époque » mais étaient spécifiquement liés à la mission du Christ et à sa proclamation du Royaume de Dieu.

Voici donc un bon exemple comment des présupposés rationalistes parviennent à faire dire à des textes l’inverse de qu’ils affirment alors que ces derniers sont simples et (trop ?) facile à comprendre pour un lecteur moyen.

RESUME

Les études bibliques actuelles reposent encore trop souvent sur des conceptions philosophiques remontant au XVIII et XIX ème siècle, le rationalisme et l’idéalisme.

Or, la première, fort étriquée, semble dépassée à notre époque au profit de conceptions plus ouvertes alors que la seconde, très intellectuelle, ne s’impose que dans le cercle étroit des exégètes.

De plus, la vision du monde différente des premiers chrétiens, évangélistes et Pères de l’Église, n’est pas suffisamment prise en compte.

Bref, le raisonnement l’emporte sur les faits, l’abstrait sur le concret, les présupposés sur l’analyse immédiate et rigoureuse.

La prétendue confusion entre les guérisons et les exorcismes ou la prétendue crédulité des apôtres en sont de beaux exemples.

Les présupposés méthodologiques

Deux autres présupposés de la méthode historico-critique doivent également être signalés :

  •  Un texte est systématiquement expliqué par un autre texte antérieur et similaire, appelé sa source, au détriment des explications se basant sur l’événement raconté, sur l’environnement extérieur et humain ou sur les traditions locales, orales et écrites.

Ce qui correspond à l’explication où, si trois élèves remettent un travail correct, c’est parce que les deux plus faibles ont copié sur le meilleur de la classe, sans tenir compte de l’existence des notes de cours du professeur, de l’usage d’un syllabus ou de la recherche dans une documentation extérieure !

Or, en toute logique, il faudrait que les réponses soient fausses pour tenir ce raisonnement : on ne peut rien affirmer par la simple comparaison de réponses correctes. Il faut donc supposer à priori l’existence d’une fraude. Ce genre de raisonnement, très contestable, est utilisé implicitement dans l’étude de la question synoptique, sur laquelle nous reviendrons.

Cependant cette source n’est déterminée que par l’analyse du Nouveau Testament lui-même (critique interne) puisqu’aucun document ou témoignage contemporain (critique externe) ne nous est parvenu. Il faut donc insister sur le caractère hypothétique de cette méthode, qui n’a pas la valeur qu’on lui attribue généralement, en particulier dans l’étude des évangiles, selon le principe « un texte possédé vaut plus qu’un texte supposé ».

Au contraire, cette méthode s’appliquerait de manière plus pertinente aux textes des écrivains français du XVII ème siècle, pour lesquelles nous possédons à la fois les sources gréco-romaines et le témoignage de leur utilisation postérieure. Citons THÉOPHRASTE pour La BRUYÈRE, EURIPIDE et SÉNÈQUE pour RACINE, PLAUTE pour MOLIÈRE, ÉSOPE et PHÈDRE pour La FONTAINE, HORACE et JUVÉNAL pour BOILEAU. Et nous sommes surs que les auteurs français ont bien connu leurs sources antiques.

Or les satires de BOILEAU ou les fables de LA FONTAINE, par exemple, sont toujours lues et étudiées dans leur totalité par les spécialistes de la littérature française qui les considèrent comme tout entières d’eux, même dans les éléments qui proviennent de leurs sources antiques, conformément au principe de l’imitation créatrice chère au XVII ème siècle.

Pourquoi en va-t-il différemment dans l’étude des textes bibliques, selon le principe « on lit d’abord un texte et non ses sources, connues ou supposées « alors que – rappelons-le – nous ne possédons même pas les sources dans le cas des évangiles, la plus connue étant appelée Q par les exégètes ?

Citons ici Raymond. E.BROWN, Que sait-on du Nouveau Testament ?, p. 77-78 : « La signification possible de Q ne doit pas être présentée comme constituant un sens biblique qui fait autorité… Le Nouveau Testament canonique qui, par son autorité, engage les chrétiens, consiste en des livres entiers, pas en des sources reconstituées, aussi fascinantes soient-elles ».

Ajoutons que tous les livres du canon doivent être tenus dans une égale considération y compris les lettres de Jacques, de Jude et de Pierre (2 Pierre principalement) ainsi que la lettre aux Hébreux et l’Apocalypse.

De plus, même s’il était prouvé que l’évangile de Marc, soit la source des deux autres évangiles synoptiques, ce qui est loin d’être le cas malgré les affirmations habituelles, ces deux derniers méritent la même considération.

  •  Un texte hétérogène est systématiquement considéré comme la superposition chronologique de couches homogènes plus anciennes, la toute première présentant le plus de valeur car située la plus proche de la source primitive.

Cette théorie de l’Ur-Text ( ou « texte primitif » en allemand) , manifestement inspirée de la méthode stratigraphique ( en couches superposées) utilisée lors des fouilles archéologiques des tells du moyen orient ou sites abandonnés, est une conception typique du XIX ème siècle qui considère qu’un texte n’est qu’un produit mécanique de l’histoire au détriment de l’importance de l’activité humaine. Au contraire, les villes habitées par l’homme sont bâties selon un principe de juxtaposition . Car nous habitons exclusivement au niveau de la surface du sol parmi des bâtiments d’époques certes différentes, dont la construction est séparée parfois par plusieurs siècles mais qui sont reliés par des réseaux routiers, électriques et de télécommunications contemporains. Nous empruntons parfois des galeries souterraines mais nous n‘utilisons pas les couches plus profondes qui forment un bloc inutilisable ou inconnu.

Bref, nous vivons dans un lieu unique, à un moment unique donné et non dans un gigantesque mille-feuilles spatio-temporel.

Cette conception est également à l’opposé

  •  de celle de la linguistique moderne pour qui la langue se constitue diachroniquement (dans le temps) mais fonctionne synchroniquement (uniquement à l’époque de son énonciation) .

Car une langue, dans son fonctionnement interne, a tendance à réduire l’importance de la chronologie de sa formation et même à la supprimer. À l’oral comme à l’écrit, nous utilisons un vocabulaire plus ou moins étendu, composé de formes très anciennes comme la conjugaison du verbe « être » alors qu’un néologisme récent comme « alunir » a disparu.

Le critère n’est donc ni l’ancienneté ni la nouveauté mais l’usage.

De même la formation en français du féminin des adjectifs et du pluriel des noms suit des règles précises sans aucune connotation historique. Par exemple, les formes plurielles régulières françaises s’imposent pour un mot latin très ancien ( » maximums » au lieu du pluriel latin « maxima ») comme pour un mot anglais plus récent (« sandwichs » au lieu du pluriel anglais « sandwiches »). Ici aussi, c’est l’usage qui prime.

Autre exemple, les règles d’utilisation d’un indicatif imparfait ou d’un indicatif passé composé sont identiques en français, aussi bien pour un verbe irrégulier de formation ancienne que pour un verbe régulier du premier groupe, de formation plus récente.

Ce n’est pas un hasard si les mots, dans un dictionnaire de langue, sont classés par ordre alphabétique et non chronologique. Car ce dernier n’est pas pertinent pour la compréhension des mécanismes profonds d’une langue ; il sert surtout à expliquer des survivances ou des exceptions, non à établir des règles générales de fonctionnement.

Cette conclusion peut également s’appliquer aux textes. Une étude trop chronologique ou historique de ceux-ci ne fait que mettre des détails en évidence, au détriment de la compréhension de l’ensemble. Or trop d’études bibliques se situent à ce niveau, en donnant la priorité aux éléments considérés comme plus anciens et au détriment des autres .

  •  de l’analyse sémiotique qui s’intéresse uniquement au texte et à sa structure interne, au détriment de l’auteur, des sources et de l’événement raconté. C’est le principe « rien que le texte dans sa totalité qui vaut plus qu’une collection de petites unités séparées ». Dans cette conception, tous les éléments possèdent la même importance, aucun n’est à rejeter à priori, surtout s’il pose problème.
  •  d’autres méthodes modernes telles :

o la critique narrative ou narratologie qui examine un texte en tant que récit servant à une communication. Elle distingue l’auteur, le narrateur (personnage littéraire « qui parle à travers le texte », le lecteur de l’époque, le lecteur actuel et même le lecteur envisagé par l’auteur ou le narrateur

o la critique rhétorique qui insiste sur les moyens utilisés par l’auteur pour composer son œuvre et pour persuader son auditoire. Elle s’intéresse aussi bien aux buts de l’écrivain qu’aux émotions du lecteur, ancien et moderne

o la critique sociale, qui étudie un texte en fonction de son contexte politique, économique et social ainsi que leur implication dans nos propres vies

o la statistique littéraire qui analyse mathématiquement l’utilisation du vocabulaire ainsi que les thèmes principaux et les différents mots-clés d’un texte

RESUME

Les études bibliques actuelles reposent également trop souvent sur une seule méthode, appelée méthode historico-critique, poussée dans ses dernières extrémités.

Celle-ci accentue

  • l’aspect critique au point de n’accepter que ses propres découvertes et conclusions au détriment de tous les autres témoignages provenant d’autres disciplines
  • l’aspect historique (principe de superposition) au détriment de l’aspect humain et fonctionnel (principe de juxtaposition).

Les autres méthodes littéraires contemporaines sont, quant à elles, négligées ou même ignorées.

Les déclarations de l ‘Église catholique

Les textes de Vatican II

Dans ce domaine, le document fondamental reste la constitution de Vatican II, Dei Verbum, promulguée le 18 novembre 1965 par le pape Paul VI. Son but est de faire le point sur la doctrine de la Révélation divine et de la clarifier.

11. Inspiration et vérité de la Sainte Écriture

Les réalités divinement révélées, que contiennent et présentent les livres de la Sainte Écriture, y ont été consignées sous l’inspiration de l’Esprit Saint. Notre sainte Mère l’Église, de par la foi apostolique, tient pour sacrés et canoniques tous les livres tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, avec toutes leurs parties, puisque, rédigés sous l’inspiration de l’Esprit Saint (cf. Jn 20, 31 ; 2 Tm 3, 16 ; 2 P 1, 19-21 ; 3, 15-16), ils ont Dieu pour auteur et qu’ils ont été transmis comme tels à l’Église elle-même . Pour composer ces livres sacrés, Dieu a choisi des hommes auxquels il a eu recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens , pour que, lui-même agissant en eux et par eux, ils missent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, et cela seulement.

Dès lors, puisque toutes les assertions des auteurs inspirés ou hagiographes doivent être tenues pour assertions de l’Esprit Saint, il faut déclarer que les livres de l’Écriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu voir consignée dans les Lettres sacrées pour notre salut.

Affirmation qui concerne toutes les Saintes Écritures : celles-ci ont été révélées par Dieu lui-même à travers des hommes. Nous sommes loin du Coran, considéré par les musulmans comme parole de Dieu incréée transmise telle quelle à MOHAMMAD et de l’invention personnelle des écrivains sacrés ou collective des communautés postérieures.

19. Leur caractère historique

En effet, ce que le Seigneur avait dit et fait, les Apôtres après son Ascension le transmirent à leurs auditeurs avec cette intelligence plus profonde des choses dont eux-mêmes, instruits par les événements glorieux du Christ et éclairés par la lumière de l’Esprit de vérité, jouissaient

Les auteurs sacrés composèrent donc les quatre Évangiles, choisissant certains des nombreux éléments transmis soit oralement soit déjà par écrit, rédigeant un résumé des autres, ou les expliquant en fonction de la situation des Églises, gardant enfin la forme d’une prédication, de manière à nous livrer toujours sur Jésus des choses vraies et sincères

Texte fondamental qui affirme l’historicité des évangiles ( « choses vraies et sincères ») et qui insiste sur certains points :

1. leur caractère partiel

2. l’importance de la transmission, orale et écrite

3. la possibilité d’une simplification ou d’un développement ultérieur.

Et le pape Jean-Paul II, dans Tertio millenio adveniente, n°5, le confirmera en 1996 : « Les écrits du Nouveau Testament, tout en étant des documents de croyant, n’en sont pas moins dignes de foi dans tout ce qu’ils rapportent, même comme témoignages historiques. »

12. Comment interpréter l’Écriture

Cependant, puisque Dieu, dans la Sainte Écriture, a parlé par des hommes à la manière des hommes, il faut que l’interprète de la Sainte Écriture, pour voir clairement ce que Dieu lui-même a voulu nous communiquer, cherche avec attention ce que les auteurs inspirés ont vraiment voulu dire et ce qu’il a plu à Dieu de faire passer par leurs paroles.

Pour découvrir l’intention des auteurs inspirés, on doit, entre autres choses, considérer aussi les « genres littéraires ». Car c’est de façon bien différente que la vérité se propose et s’exprime en des textes diversement historiques, ou prophétiques, ou poétiques, ou même en d’autres genres d’expression. Il faut, en conséquence, que l’interprète cherche le sens que l’auteurs inspirés, en des circonstances déterminées, dans les conditions de son temps et de sa culture, employant les genres littéraires alors en usage, entendait exprimer et a, de fait, exprimé.

En effet, pour vraiment découvrir ce que l’auteur sacré a voulu affirmer par écrit, il faut faire minutieusement attention soit aux manières natives de sentir, de parler ou de raconter courantes au temps de l’auteur inspiré, soit à celles qu’on utilisait à cette époque dans les rapports humains.

Cependant, puisque la Sainte Écriture doit être lue et interprétée à la lumière du même Esprit que celui qui la fit rédiger, il ne faut pas, pour découvrir exactement le sens des textes sacrés, porter une moindre attention au contenu et à l’unité de toute l’Écriture, eu égard à la Tradition vivante de toute l’Église et à l’analogie de la foi.

Ce texte, qui concerne l’ensemble des Écritures et non pas seulement les Évangiles, affirme simplement qu’il existe différents modes d’expression dans la Bible appelés genres littéraires, ensembles de textes que l’on regroupe parce qu’ils ont des caractéristiques communes. Par exemple :

1. œuvres historiques et narratives : l’Exode ou les Actes des Apôtres

2. œuvre poétique : le Cantique des Cantiques

3. œuvre didactique : les Proverbes

4. œuvre symbolique : l’Apocalypse

5. œuvre personnelle : les Psaumes

6. œuvres épistolaires : les lettres de saint Paul

De plus une bonne connaissance du contexte historique, politique et social permet de mieux comprendre les textes sacrés. C’est ainsi que la connaissance de la numismatique antique et des usages juifs relatifs aux donations religieuses permettent de mieux saisir le sens de l’expression des « deux leptes » déposés par une veuve dans le tronc du Temple en Lc 21,2, ce qui représente une traduction plus précise et plus intéressante que le banal « deux pièces » de la Bible de SEGOND et de la Bible de CRAMPON. Nous dirions actuellement deux cents ou deux centimes mais surement pas deux euros.

Enfin, les explications proposées doivent tenir compte de la Tradition (ce qui est tenu pour vrai par toutes les Églises, en tout temps et en communion avec l’Église de Rome) et ne doivent pas se morceler en unités séparées ou même contradictoires.

Au sujet des genres littéraires, un point mérite une attention toute particulière. Par définition généralement admise dans les études littéraires, et reprise sans aucun doute par les Pères conciliaires, mais non malheureusement dans les études bibliques, un genre littéraire s’applique à une œuvre entière. A l’intérieur de celle-ci, on ne peut distinguer des sous-genres qu’avec précaution, en se basant sur des critères formels et non sur la signification.

C’est le cas des oracles de YHWH dans les prophètes de l’Ancien Testament, des paraboles de Jésus dans les Évangiles et des hymnes liturgiques dans les épitres de saint Paul qui sont clairement présentés comme tels.

Par contre, dans le Dictionnaire biblique universel de MONLOUBOU et DU BUIT, on peut lire que les miracles évangéliques sont considérés comme un genre littéraire distinct car « ils sont construits selon un schéma déjà présent dans les récits des miracles païens « :

1. la situation du malade

2. sa présentation à Jésus

3. les paroles et gestes du guérisseur

4. le résultat après son intervention

5. l’enthousiasme de la foule

Mais on peut en dire autant de tous les miracles postérieurs, racontés dans les vies des saints. Il s’agit en réalité d’une structure narrative normale, voire banale qui s’adapte parfaitement aux événements décrits selon le schéma classique :

1. description de la situation initiale : épreuve

2. transformation

3. description de la situation finale : dénouement

N’en déplaise à l’école de la Formgeschichte (histoire des formes) dont les conclusions sont diffusées dans des ouvrages de vulgarisation ( E. CHARPENTIER, Pour lire le Nouveau Testament, p. 20), les récits de miracles ne constituent pas en soi un genre littéraire distinct, car ils ne possèdent pas de structure spécifique permettant de les distinguer. Une découpe uniquement selon le sens des passages (récits biographiques, récits de miracles, récits de vocation, discours prophétique, annonces apocalyptique, sentences de sagesse) ne peut servir qu’à une classification utile et pratique certes, mais rien de plus. Car elle ne s’appuie pas sur des critères stricts.

Quant aux Évangiles, ils constituent un genre littéraire bien précis qu’il faut définir avec soin. Ce sera l’objet du prochain chapitre.

Application : la recherche des genres littéraires des évangiles

L’affirmation du pape Jean-Paul II, citée ci-dessus reste méconnue et s’oppose aux affirmations et vulgarisations habituelles. Elle se base cependant sur des travaux récents.

Dès 1915, Clyde Weber VOTAW plaçait les évangiles dans le domaine de la littérature biographique « populaire » gréco-romaine. Cette opinion fut rejetée au profit des interprétations dominantes à son époque.

Mais elle a été reprise depuis lors par de nombreux auteurs, pratiquement inconnus du public francophone, en général des spécialistes de la critique littéraire, généralement anglo-saxons.

Citons Graham N. STANTON sur saint LUC, Philip SCHULER en 1982 sur saint MATTHIEU, Hubert CANCIK en 1984 sur saint MARC et les synthèses sur l’ensemble des Évangiles par Klaus BERGER en 1984 et par Richard A.BURRIDGE en 1992.

Ce dernier, par comparaison avec la production biographique du monde gréco-romain en arrive à la conclusion que les évangiles sont de véritables vies de Jésus appartenant au genre littéraire de la biographie antique, les bioi en grec.

Textes en grec :

l’Evagoras d’ISOCRATE, l’Agésilas de XÉNOPHON, le Moïse de PHILON, le Caton le Jeune de PLUTARQUE et la Vie d’Apollonios de Tyane de PHILOSTRATE

Textes en latin :

l’Atticus de Cornelius NEPOS, l’Agricola de TACITE et la Vie des Césars de SUETONE

En voici les quatre principales caractéristiques :

  •  Toute l’attention est concentrée sur le personnage dont on rapporte la biographie. Il en est le protagoniste exclusif et tous les autres personnages ne font qu’évoluer autour de lui. C’est bien le cas de Jésus dans les évangiles : il est le sujet d’environ un quart des verbes et un autre cinquième des verbes renvoie à ses paroles, soit 45% du texte entier.

Par contre, ce n’est pas le cas dans les Actes des Apôtres où la narration se disperse parmi plusieurs protagonistes, en particulier les apôtres PIERRE et PAUL.

  •  Toute l’attention est concentrée sur la période décisive de la vie du protagoniste et sur sa mort. Son enfance et sa jeunesse, soit une trentaine d’années en général, sont soit brièvement racontées soit complètement omises. Les évangélistes relatent les dernières années de la vie de Jésus et insistent plus particulièrement sur sa Passion et sur sa mort : 15% du récit chez saint MATTHIEU et chez saint LUC, 19 % chez saint MARC. Même constatation dans les biographies gréco-romaines : 10 % chez TACITE, 15 % chez NEPOS, 17 % chez PLUTARQUE et 23 % chez PHILOSTRATE.

Ajoutons également que l’enfance et la jeunesse de Jules CESAR ne nous sont pas mieux connues que celles du Christ, ce qui est moins étonnant qu’il n’y parait au premier abord. Ne parlons pas de celles des autres personnages de l’antiquité qui restent absolument inconnues.

  •  Les évangélistes comme les écrivains anciens n’offrent aucune présentation physique et psychologique de leur personnage principal. Aux caractérisations modernes abstraites, ils préfèrent un portrait concret et bien interprété. Au lieu de parler de la charité et de l’esprit d’accueil de Jésus, les évangélistes préfèrent montrer, par ses actes et par ses paroles, sa disponibilité et sa compréhension envers ceux qui en avaient besoin.

Précisons que ces caractéristiques sont partagées également par l’évangile de JEAN, soit 55 % du texte consacré à Jésus et 33% consacré à ses derniers moments. Ce qui signifie qu’il s’intéresse autant sinon plus à l’activité de Jésus et aux développements historiques.

Cette affirmation, contraire à l’opinion des exégètes de la première moitié du XX éme siècle qui affirmaient que l’évangile johannique n’avait aucun fondement historique, est confirmée par les recherches archéologiques récentes à Jérusalem ainsi que par l’intérêt que lui portent des auteurs juifs actuels comme madame Jacqueline GENOT-BISMUTH.

  •  Les évangélistes comme les écrivains anciens commencent leurs œuvres par des notes introductives, en particulier des généalogies (Mt et Lc) ainsi que des prologues historiographiques (Lc)

Évidemment les biographies antiques ne sont pas écrites comme des biographies modernes, leurs auteurs traitant d’hommes illustres pour servir d’exemples et de modèles, pour faire l’éloge de leurs qualités et pour mettre en évidence des vertus utiles pour la société. Mais peut-on leur reprocher ce but moral ?

Une appréciation du genre littéraire doit se baser sur les conventions de l’époque étudiée, non sur une projection anachronique à partir de conceptions actuelles et controversées.

RESUME

L’enseignement de l’Église, celui des papes et des conciles a toujours été constant et clair :

  1.  Les Saintes Écritures ont été révélées par Dieu, par l’intermédiaire d’hommes inspirés par l’Esprit Saint
  2.  Les Saintes Écritures doivent être considérées comme un témoignage historique et non pas seulement de foi.
  3.  Les Saintes Écritures doivent être comprises en étudiant leur genre littéraire (au sens normal et courant du terme) ainsi que le contexte général dans lequel elles ont été rédigées

Le genre littéraire des évangiles, rédigés en grec, est celui des biographies antiques du monde gréco-romain dans lequel ont vécu le Christ et ses apôtres qui eux parlaient araméen.

Ce dernier point est trop souvent ignoré, le monde juif ne vivant pas replié sur lui-même mais restant ouvert aux influences extérieures.

Seule comptait la fidélité à la foi de leurs Pères.

Quelques pistes de lecture

Coinseil de présidence du grand jubilé de l'an 2000, Jésus-Christ, unique sauveur du monde, Mame,1996

Marie-Christine CERUTI-CENDRIER, Les évangiles sont des reportages, Pierre Téqui, 1997

Jacqueline GENOT-BISMUTH, Jérusalem ressuscitée, F.X. de Guibert - Albin Michel, 1992

René LAURENTIN, Les évangiles de Noël, Desclée, 1985

René LAURENTIN, Vie authentique de Jésus-Christ, Fayard, 1996

Victor LOUPAN et Alain NOEL, Enquête sur la mort de Jésus, Presses de la Renaissance, 2005

André MARION et Gérard LUCOTTE, Le linceul de Turin : le point sur l'enquête, Presses de la Renaissance, 2006

Vittorio MESSORI, Hypothèses sur Jésus, Mame, 1978

Bargil PIXNER, Avec Jésus à Jérusalem : ses premiers et derniers jours en Judée, Corazin,2005