Linges

De Ebior
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 Les linges funèbres du Christ dans les évangiles


La dépose de Jésus de la croix


Mt 27,59-60

59 καὶ λαβὼν τὸ σῶμα ὁ Ἰωσὴφ ἐνετύλιξεν αὐτὸ ἐν σινδόνι καθαρᾷ, 60 καὶ ἔθηκεν αὐτὸ ἐν τῷ καινῷ αὐτοῦ μνημείῳ ὃ ἐλατόμησεν ἐν τῇ πέτρᾳ,

CRAMPON

59 Joseph prit le corps, l'enveloppa d'un linceul sans tache, 60 et le déposa dans son sépulcre neuf, qu'il avait fait tailler dans le roc;


SEGOND

59 Joseph prit le corps, l'enveloppa d'un linceul blanc, 60 et le déposa dans un sépulcre neuf (NOUVELLE SEGOND : « pur », avec « propre » comme autre traduction), qu'il s'était fait tailler dans le roc.


TRADUCTION OFFICIELLE DE LA LITURGIE

59 Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul neuf 60 et le déposa dans le tombeau qu’il venait de se faire tailler dans le roc


TOB

59 Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul propre 60 et le déposa dans le tombeau tout neuf qu’il s’était fait creuser dans le rocher


JERUSALEM

59 Joseph prit donc le corps, le roula dans un linceul propre 60 et le mit dans le tombeau neuf, qu’il s’était fait tailler dans le roc


TRADUCTION DE CLAUDE TRESMONTANT

59 et il a pris le corps, Ioseph, et il l’a enveloppé dans une toile de lin pure, 60 et il l’a déposé dans son tombeau nef qu’il a fait creuser dans la roche


La diversité des traductions concernant la caractéristique du linceul est étonnante : sans tache (CRAMPON), blanc (SEGOND), neuf (LITURGIE), propre (TOB, JERUSALEM, note de la Nouvelle SEGOND), pur (Nouvelle SEGOND, TRESMONTANT).

Or le grec καθαρος , en première signification, signifie bien « pur , sans mélange » comme l’indique le dictionnaire grec-français du Nouveau Testament de CARREZ et MOREL qui parle de pureté rituelle. En effet, la loi juive interdisait formellement de combiner, dans un même vêtement ou tissu, le lin provenant d’une plante et la laine provenant d’un animal. C’est la règle de la sha’atnez, énoncée en Deutéronome 22,11. Aussi les traductions de TRESMONTANT et de la Nouvelel SEGOND sont les seules correctes, les autres se rapprochant fort d’un faux sens. car il ne s’agit pas seulement d’un linceul neuf ou propre, comme si à cette époque, des linges de seconde main ou tout sales étaient utilisés pour un ensevelissement ! Cette précision permet de mettre en évidence la piété des disciples qui ont utilisé un linceul rituellement pur ainsi qu’un tombeau n’ayant jamais servi. Autrement les tombes déjà existantes d’un autre tombeau auraient été souillées par l’ajout du cadavre impur d’un homme crucifié.

Cette diversité de traductions erronées est le résultat de la non prise en compte des coutumes juives et du sens technique des mots grecs utilisés dans les évangiles.


Mc 15,46

46 καὶ ἀγοράσας σινδόνα καθελὼν αὐτὸν ἐνείλησεν τῇ σινδόνι καὶ ἔθηκεν αὐτὸν ἐν μνημείῳ ὃ ἦν λελατομημένον ἐκ πέτρας,

CRAMPON

46 Ayant acheté un linceul, il le descendit, l'enveloppa dans le linceul, le déposa dans un sépulcre qui avait été taillé dans le roc,


SEGOND

46 Et Joseph, ayant acheté un linceul, descendit Jésus de la croix, l'enveloppa du linceul , et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc.


NOUVELLE SEGOND

46 Et Joseph, ayant acheté un drap descendit Jésus de la croix, l'enveloppa du drap , et le déposa dans un tombeau taillé dans le roc.


Les autres traductions françaises sont semblables aux précédentes


Lc 23,53

53 καὶ καθελὼν αὐτὸ ἐνετύλιξε σινδόνι καὶ ἔθηκεν αὐτὸ ἐν μνήματι λαξευτῷ, οὗ οὐκ ἦν οὐδεὶς οὐδέπω κείμενος·

CRAMPON


53 il le descendit, l'enveloppa d'un linceul, et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne n'avait encore été mis.


SEGOND

53 Il le descendit de la croix, l'enveloppa d'un linceul, et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne n'avait encore été mis.


NOUVELLE SEGOND

53 Il le descendit de la croix, l'enveloppa d'un drap, et le déposa dans un tombeau taillé dans le roc, où personne n'avait encore été mis.


Les autres traductions françaises sont semblables aux précédentes.

Les évangiles synoptiques, mais non saint Jean, utilisent systématiquement le mot grec σινδων pour désigner une toile de lin servant aussi bien de vêtement comme en Mc 14,51 ou de linceul comme en Mt 27,59 ; Mc 15,46 et Lc 23,53. Ce mot, d’origine sémitique, se retrouve en hébreu, en ancien français (sydoine) et en italien moderne (sindone). Ce dernier terme, utilisé exclusivement pour le linceul de Turin, est à l’origine de l’expression française, courante mais erronée, de Saint-Suaire.

Ce dernier terme transcrit en réalité le grec σουδάριον ( latin sudarium) utilisé en Lc 19, 20 (« Seigneur, voici votre mine que j'ai tenue serrée dans un linge » ), Jn 11,44 (« Et Lazare sortit, le visage enveloppé d'un suaire « ) et en Ac 19,12 où il désigne une serviette ou un mouchoir (« si bien que même on appliquait sur les malades des mouchoirs ou des tabliers qui avaient été pris sur le corps de Paul « ).

Jn 19,40

40 ἔλαβον οὖν τὸ σῶμα τοῦ Ἰησοῦ καὶ ἔδησαν αὐτὸ ἐν ὀθονίοις μετὰ τῶν ἀρωμάτων, καθὼς ἔθος ἐστὶ τοῖς Ἰουδαίοις ἐνταφιάζειν.

CRAMPON

40 Ils prirent donc le corps de Jésus, et l'enveloppèrent dans des bandelettes, avec les aromates, selon la manière d'ensevelir en usage chez les Juifs.


SEGOND

40 Ils prirent donc le corps de Jésus, et l'enveloppèrent de bandes, avec les aromates, comme c'est la coutume d'ensevelir chez les Juifs.


NOUVELLE SEGOND

40 Ils prirent donc le corps de Jésus, et le lièrent de bandelettes, avec les aromates, comme les Juifs ont coutume d'ensevelir.


TOB

40 Ils prirent donc le corps de Jésus et l’entourèrent de bandelettes avec des aromates, selon la manière d’ensevelir des juifs


JERUSALEM

40 Ils prirent donc le corps de Jésus et le lièrent de linges, avec des aromates, selon le mode de sépulture en usage chez les juifs


TRADUCTION DE CLAUDE TRESMONTANT

40 Ils ont pris le corps de Ieschoua et ils l’ont serré dans une tunique de lin, avec les baumes, comme c’est la coutume chez les Judéens lorsqu’ils mettent les morts dans un tombeau.


Au sépulcre


Lc 24,12

12 ὁ δὲ Πέτρος ἀναστὰς ἔδραμεν ἐπὶ τὸ μνημεῖον, καὶ παρακύψας βλέπει τὰ ὀθόνια [κείμενα] μόνα,

Ce verset est absent de certains manuscrits de la Vetus Latina et présente des variantes ailleurs comme l’omission du mot entre crochets


CRAMPON

12 Pierre partit et courut au sépulcre; et, se penchant, il vit les bandelettes seules


SEGOND

12 Mais Pierre se leva, et courut au sépulcre. S'étant baissé, il ne vit que les linges qui étaient à terre;


NOUVELLE SEGOND

12 Mais Pierre se leva, et courut au sépulcre. S'étant baissé, il ne vit que les bandelettes ( Note : traduction incertaine on pourrait traduire plus vaguement les linges) qui étaient à terre


TOB

12 Pierre cependant partit et courut au tombeau ; en se penchant il ne vit que les bandelettes


JERUSALEM

12 Pierre cependant partit et courut au tombeau . Mais, en se penchant, il ne vit que les linges


TRADUCTION OFFICIELLE DE LA LITURGIE

12 Pierre cependant courut au tombeau ; mais, en se penchant il ne vit que le linceul


TRADUCTION DE CLAUDE TRESMONTANT

Et Keipha le rocher il s’est levé, il a couru au tombeau, il s’est penché pour regarder et il a vu la toile de lin toute seule


Ici aussi, un mot grec (ὀθόνια) est traduit de plusieurs manières : bandelettes (CRAMPON, TOB), bandes (SEGOND), linges (SEGOND, JERUSALEM), linceul ou toile de lin (LITURGIE, TRESMONTANT). Remarquons que ce mot est traduit différemment dans l’ancienne traduction de Segond, selon qu’il s’agit de l’évangile de saint Luc ou de saint Jean. La même diversité se retrouve dans les dictionnaires : « bandelettes » chez CARREZ et MOREL, « linen cloth – vêtement de lin" ou « wrapping – quelque chose qui entoure ou qui enveloppe) dans le Greek-English Dictionary de l’United Bible Societies (UBS).

Ce mot ὀθόνια est souvent considéré comme un diminutif de ὀθόνη (« fine toile de lin ») au neutre pluriel d’où la signification courante de « bandelettes ». Mais celles-ci, à la différence des momies égyptiennes, n’étaient pas utilisées par les Juifs dans leur mode d’ensevelissement. Et Jésus a été enseveli « selon la coutume des Juifs » (Jn 19,40).

De même, dans le passage consacré à la résurrection de Lazare (Jn 11,44) , saint Jean utilise un autre terme, χεῖρα pour désigner les bandes qui servaient à lier les poignets et les pieds du défunt.

La traduction par « linceul » ou « toile de lin », quant à elle, reste possible ; dans ce cas, ὀθόνια et σινδων, non utilisé par saint Jean, seraient deux termes synonymes. C’est d’ailleurs le cas dans la traduction grecque (LXX) du livre des Juges , chapitre 14 : le premier mot est utilisé au verset 12 et le second au verset 13 avec apparemment le même sens.

Mais la signification la plus probable reste celle de »linges », comme le proposent la Bible de JERUSALEM et la note de la Nouvelle SEGOND (mais non la traduction reprise), c’est-à-dire l’ensemble du linceul, des bandes de fixation et de l’éventuelle mentonnière autour de la tête. C’est l’interprétation du Père LAVERGNE (revue Sindon, Turin, 1961) reprise par Piero OTTAVIANO, Les fondements du christianisme, 2005, traduit et publié par les Éditions Salvator en 2009. En effet, un papyrus grec (Gk 627), conservé à la Bibliothèque Rylands à Manchester et provenant d’Égypte, a été publié en 1952 : il comporte une liste d’articles de blanchisserie où apparaissent les termes ὀθόνιῶν au génitif pluriel sans indication de nombre ainsi que le mot σινδόνια au nominatif suivi du nombre quatre et le mot στιχαρια (« tuniques ») au nominatif suivi du nombre trois. On peut en déduire que le mot ὀθόνια est un terme générique, regroupant tous ceux qui le suivent.

Jn 20,5-7 (les mots en rouge font l'objet d'une étude approfondie qui suit)

5 καὶ παρακύψας βλέπει κείμενα τὰ ὀθόνια, οὐ μέντοι εἰσῆλθεν. 6 ἔρχεται οὖν Σίμων Πέτρος ἀκολουθῶν αὐτῷ, καὶ εἰσῆλθεν εἰς τὸ μνημεῖον καὶ θεωρεῖ τὰ ὀθόνια κείμενα, 7 καὶ τὸ σουδάριον, ὃ ἦν ἐπὶ τῆς κεφαλῆς αὐτοῦ, οὐ μετὰ τῶν ὀθονίων κείμενον, ἀλλὰ χωρὶς ἐντετυλιγμένον εἰς ἕνα τόπον. 8 τότε οὖν εἰσῆλθε καὶ ὁ ἄλλος μαθητὴς ὁ ἐλθὼν πρῶτος εἰς τὸ μνημεῖον, καὶ εἶδε καὶ ἐπίστευσεν·

CRAMPON

5 Et, s'étant penché, il vit les bandelettes posées à terre; mais il n'entra pas.

6 Simon-Pierre qui le suivait, arriva à son tour et entra dans le sépulcre.

7 Il vit les bandelettes posées là, et le suaire qui couvrait la tête de Jésus, non pas posé avec les bandelettes, mais tout enroulé à part dans un autre endroit.


SEGOND

5 s'étant baissé, il vit les bandes qui étaient à terre, cependant il n'entra pas.

6 Simon Pierre, qui le suivait, arriva et entra dans le sépulcre; il vit les bandes qui étaient à terre,

7 et le linge qu'on avait mis sur la tête de Jésus, non pas avec les bandes, mais plié dans un lieu à part.


NOUVELLE SEGOND

5 Il se baisse (Note : autre traduction « regarde attentivement », voit les bandelettes qui gisent là, pourtant il n’entra pas.

6 Simon Pierre, qui le suivait, arrive. Entrant dans le tombeau, il voit les bandelettes qui gisent là,

7 et le linge qui était sur la tête de Jésus, ce linge ne gisait pas avec les bandelettes mais il était roulé à part dans un autre lieu. (Note : littéralement un [seul] lieu)


TOB

5 Il se penche et voit les bandelettes (Note le mot grec othonia signifie soit des bandelettes, soit une pièce de lin servant à ensevelir les morts) qui étaient posées là.

6 Arrive à son tour, Simon Pierre qui le suivait ; il entre dans le tombeau et considère les bandelettes posées là

7 Et le linge qui avait recouvert la tête, celui-ci n’avait pas été déposé avec les bandelettes mais il était roulé à part, dans un autre endroit


JERUSALEM

5 Se penchant, il aperçoit les linges, gisant à terre ; pourtant, il n’entre pas

6 Alors arrive aussi Simon Pierre qui le suivait ; il entra dans le tombeau et il voit les linges gisant à terre

7 ainsi que le suaire qui avait recouvert sa tête, non pas avec les linges; mais roulé à part dans un endroit


TRADUCTION OFFICIELLE DE LA LITURGIE

5 En se penchant, il voit que le linceul est resté là; cependant il n’entre pas

6 Simon Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau et il regarde le linceul resté là

7 et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place


TRADUCTION DE CLAUDE TRESMONTANT

5 Et il s’est penché et il a vu qu’elle se tenait [debout] la tunique de lin mais cependant il n’est pas rentré

6 alors est arrivé Shiméon Pierre qui le suivait et il est entré dans le tombeau et il a regardé la tunique de lin qui se tenait [debout]

7 et aussi le linge pour s’essuyer la sueur qui était sur sa tête il ne se tenait pas [debout] avec la tunique de lin mais à part il était enroulé dans le lieu unique [le tombeau]


Ce texte de saint Jean, seul évangéliste et apôtre présent au Golgotha, est certainement le plus important de tous. Il émane d’un témoin oculaire qui a donné une description précise des conséquences du coup de lance donné par un soldat.

Malheureusement, les traductions françaises divergent souvent, en distinguant deux groupes de linges :

d’une part, des bandelettes (CRAMPON, NOUVELLE SEGOND, TOB), des liens pour attacher (SEGOND), des linges (JERUSALEM), un linceul (LITURGIE), la tunique de lin (TRESMONTANT). Ceux-ci sont dits « posés par terre (CRAMPON, SEGOND, JERUSALEM), « posés là » (NOUVELLE SEGOND, TOB, LITURGIE), « se tiennent debout (TRESMONTANT).
d’autre part, « un suaire » (CRAMPON, JERUSALEM), « un linge sur la tête » (SEGOND, TOB, LITURGIE), « un linge pour essuyer la sueur » (TRESMONTANT). Celui-ci est présenté comme » enroulé à part dans un autre endroit » (CRAMPON, TOB), « plié dans un lieu à part » (SEGOND), « roulé à part dans un endroit » (JERUSALEM), « roulé à part à sa place (LITURGIE), « enroulé à part dans le lieu unique (TRESMONTANT).

Quelques notes philologiques permettront de mieux préciser la traduction :

ὀθόνια : un linceul ou des linges plutôt que des bandelettes, comme expliqué ci-dessus

κείμενα : participe parfait du verbe d’état κεῖμαi, qui signifie littéralement « être placé, se trouver ». La position précise provient du contexte comme en Jn 2,6 : « les jarres de pierre se tiennent droites » ou en Jn 20,12 « où on avait déposé (= allongé) le corps de Jésus ». La précision « par terre » est une interprétation qui ne s’impose pas nécessairement ; en effet, c’est l’explication la plus banale mais d’autres explications restent possibles. Notons de plus que le parfait, en grec, marque le résultat présent d’une action passée.

σουδάριον : un mouchoir pour essuyer la sueur comme expliqué ci-dessus

ἐντετυλιγμένον : ici aussi, un participe parfait, pouvant être traduit « continuant à être enroulé, comme il avait été mis » Le même verbe se retrouve en Mt 27,59 mais à l’aoriste indiquant uniquement une action d’envelopper le corps, sans signification de continuation

εἰς ἕνα τόπον : littéralement « dans un endroit », un représentant l’adjectif numéral et non l’article indéfini inexistant en grec. Cette expression peut signifier « dans un [seul] endroit « , ou « dans un [même] endroit « ou « dans un [unique] endroit « mais non « dans un [autre] endroit « , comme le comprennent un grand nombre de traductions. La divergence entre la traduction et la note de la NOUVELLE SEGOND est un bel exemple de contre-sens.

καὶ εἶδε καὶ ἐπίστευσεν : saint Jean utilise le verbe πίστεύω au sens de »croire en quelque chose de surnaturel » et non simplement de « se fier à quelqu’un ». Remarquons que les deux verbes sont au temps aoriste, indiquant une action du passé, achevée actuellement et qu’ils sont encadrés par la conjonction de coordination καὶ. Cette construction (et … et) souligne la simultanéité, dans le passé, des deux actions, voir et croire. De plus, la même situation concernant saint Pierre est rendue par un seul verbe θεωρεῖ (« il observe , il examine).


Pour reprendre le verset 7 du chapitre 20 de l’Évangile selon saint Jean,

qu’a cru l’auteur ?
Marie-Madeleine qui avait suggéré l’enlèvement du cadavre (interprétation de saint Augustin). Dans ce cas, Pierre et le disciple que Jésus aimait n’ont compris l’Écriture que bien plus tard
à la Résurrection que Jésus avait annoncée pour lui-même (interprétation des saints Cyrille d’Alexandrie et de Jérusalem). Dans ce cas, le disciple bien-aimé comprit l’Écriture au moment même où il vit les linges dans le tombeau.
Cette interprétation, renforcée par l’expression grecque analysée ci-dessus, est proposée par Piero OTTAVIANO, Les Fondements du Christianisme et parait la plus vraisemblable.

qu’a vu l’auteur ?

Piero OTTAVIANO, Les Fondements du Christianisme, pages 107-117 propose une hypothèse possible mais invérifiable.

Dans le tombeau, le corps de Jésus a été enveloppé dans un linceul et le suaire, décrit au verset 7, aurait servi de mentonnière. Lors de la Résurrection, le corps serait passé à travers le drap et le suaire. Ce dernier, plus rigide, serait resté enroulé à l’intérieur du drap, à sa place, en formant un petit monticule. En voyant cela, Jean crut à la Résurrection car quelqu’un, emportant le cadavre, n’aurait pas pu laisser les linges dans cet état.

De même, les traces de sang laissées sur le Linceul de Turin ne permettent pas d’expliquer comment le corps s’est détaché du linceul.


Claude TRESMONTANT, Les Évangiles, O.E.I.L-F.-X. de Guibert, 1991, propose également une hypothèse possible mais tout aussi invérifiable.

Le linceul, vidé de son contenu à la Résurrection, se tenait debout tout seul (grec κείμενα), encore enserré dans les liens mais affaissé sur lui-même. Alors, à cette vue, Jean crut immédiatement et comprit que le tombeau, lieu du passage de la mort à la Résurrection du Christ, était devenu « un endroit unique » où il pouvait entrer sans se souiller puisqu’il ne contenait plus de cadavre.

Selon les études récentes, l’image du Linceul de Turin ne peut s’obtenir qu’en position verticale du corps car il n’y a aucune pression au niveau des épaules ou du bas du dos. De plus, les cheveux tombent comme si la tête avait été en position droite ou flottant en état d’apesanteur.

En conclusion, ce n’est pas seulement la découverte du tombeau vide mais aussi la disposition incompréhensible des linges sépulcraux qui a frappé les disciples ; Pierre les a observé mais n’a rien compris ; Jean, lui, les a vu et a cru dans la parole du Christ.

Il faut reconnaître que la description des versets 6 et 7 n’est pas très claire et peut mener à diverses interprétations divergentes. Mais s’il s’agissait uniquement d’un tombeau vide, pourquoi saint Jean rapporte-t-il tous ces détails au lieu de dire simplement « Il n’y a rien dans le tombeau » ? Parce que le disciple bien-aimé a fait une expérience indicible, au-delà des mots, qu’il doit transmettre à tous.


Textes supplémentaires


La résurrection de Lazare en Jn 11,44

44 καὶ ἐξῆλθεν ὁ τεθνηκὼς δεδεμένος τοὺς πόδας καὶ τὰς χεῖρας κειρίαις καὶ ἡ ὄψις αὐτοῦ σουδαρίῳ περιεδέδετο.

Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d’un linge


Les noces de Cana en Jn 2,6

6 ἦσαν δὲ ἐκεῖ ὑδρίαι λίθιναι ἓξ κείμεναι, κατὰ τὸν καθαρισμὸν τῶν Ἰουδαίων

Or, il y avait là six urnes de pierre destinées aux ablutions des Juifs


La manifestation de Jésus à Marie-Madeleine en Jn 20,12

12 ὡς οὖν ἔκλαιε, παρέκυψεν εἰς τὸ μνημεῖον καὶ θεωρεῖ δύο ἀγγέλους ἐν λευκοῖς καθεζομένους… , ὅπου ἔκειτο τὸ σῶμα τοῦ Ἰησοῦ.

Et elle vit deux anges vêtus de blanc, … assis à la place où avait été mis le corps de Jésus