Différences entre versions de « Philosophie première »

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Le point de départ de la connaissance est un étonnement, une admiration (en grec: ''[[Theôria|theôria]]''). L'existence d'une chose considérée en elle-même est tellement improbable, tellement extraordinaire, même pour le plus petit objet de la réalité, que le philosophe d'abord s'étonne. Cet étonnement peut d'ailleurs conduire, si l'on veut l'associer à une activité morale, à une science particulière qui est la [[Sagesse]], où l'on cherchera en particulier à connaître et ''contempler'' l'[[L'être premier|être premier]] à la source de tous les êtres, objet d'une connaissance et d'une expérience intérieure. Toutefois, la Philosophie première, appelée aussi dans la tradition, après Aristote, "[[Métaphysique]]", est plutôt orientée vers la connaissance des objets de l'expérience externe, qui méritent eux aussi (et souvent même eux d'abord, dans l'éducation d'un enfant), cet étonnement.
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Le point de départ de la connaissance est un étonnement, une admiration (en grec: ''[[Theôria|theôria]]''). L'existence d'une chose considérée en elle-même est tellement improbable, tellement extraordinaire, même pour le plus petit objet de la réalité, que le philosophe d'abord s'étonne. Cet étonnement peut d'ailleurs conduire, si l'on veut l'associer à une activité morale, à une science particulière qui est la [[Sagesse]], où l'on cherchera en particulier à connaître et ''contempler'' l'[[L'être premier|être premier]] à la source de tous les êtres, objet d'une connaissance et d'une expérience intérieure. Toutefois, la Philosophie première, appelée aussi dans la tradition, après Aristote, "[[Métaphysique]]", est plutôt orientée vers la connaissance des objets de l'expérience externe, qui méritent eux aussi (et souvent même eux d'abord, dans l'éducation d'un enfant), cet étonnement.  
  
Au plus il s'étonne, au plus le philosophe pourra ensuite entrer dans la complexité de la description de cette chose. Car son but ici, en philosophie de l'être, est de comprendre non pas en quoi la chose est faite, quelle est sa composition matérielle (car il y a des choses existantes qui ne sont pas matérielles) ni d'où vient cette chose (car ce qui intéresse ici c'est la chose elle-même non son origine); son but est de comprendre ce qu'elle est, sous tous les rapports possibles, et pourquoi elle est ainsi et pas autrement, c'est-à-dire, en somme, ce qui fait qu'elle est une chose unique et unifiée malgré la complexité de son organisation.
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Au plus il s'étonne, au plus le philosophe pourra ensuite entrer dans la complexité de la description de cette chose. Car son but ici, en philosophie de l'être, est de comprendre non pas en quoi la chose est faite, quelle est sa composition matérielle (car il y a des choses existantes qui ne sont pas matérielles) ni d'où vient cette chose (car ce qui intéresse ici c'est la chose elle-même non son origine); son but est de comprendre ce qu'elle est, sous tous les rapports possibles, et pourquoi elle est ainsi et pas autrement, c'est-à-dire, en somme, ce qui fait qu'elle est une chose unique et unifiée malgré la complexité de son organisation.  
  
On pourrait dire en termes techniques que la philosophie première étudie la cause formelle et la cause finale, mais non la cause efficiente ou exemplaire ni la cause matérielle, auxquels cas on est renvoyé à la [[Philosophie de la matière|philosophie de la matière]] ou encore à la [[Philosophie du vivant|philosophie du vivant]].
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On pourrait dire en termes techniques que la philosophie première étudie la cause formelle et la cause finale, mais non la cause efficiente ou exemplaire ni la cause matérielle, auxquels cas on est renvoyé à la [[Philosophie de la matière|philosophie de la matière]] ou encore à la [[Philosophie du vivant|philosophie du vivant]].
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L'être n'est pas un concept. Il est. Mais le point de départ de la philosophie première est d'affirmer: "cela est". Son point de départ est donc l'être mais aussi, en tant que question philosophique, le '''jugement d'existence''' que cet être est. Or le jugement est une opération de l'intelligence qui obéit à des règles précises, et d'abord il utilise des mots. Le mot clef, au point de départ de la philosophie première, est le mot "[[Substance|substance]]". En outre, si l'on dit qu'une chose est, il ne suffit pas de la ranger dans une case d'un tableau pour arriver à la connaître vraiment; il suffirait de connaître le dictionnaire... Non, la chose est en tant qu'être, cela veut dire qu'elle se réalise, elle se produit, elle devient; or si elle est en devenir, c'est qu'elle a un but, une finalité. Pour traduire cela, Aristote dit que la chose est en [[Acte|acte]], elle ''est en train de se réaliser''.  
  
L'être n'est pas un concept. Il est. Mais le point de départ de la philosophie première est d'affirmer: "cela est". Son point de départ est donc l'être mais aussi, en tant que question philosophique, le '''jugement d'existence''' que cet être est. Or le jugement est une opération de l'intelligence qui obéit à des règles précises, et d'abord il utilise des mots. Le mot clef, au point de départ de la philosophie première, est le mot "[[Substance|substance]]". En outre, si l'on dit qu'une chose est, il ne suffit pas de la ranger dans une case d'un tableau pour arriver à la connaître vraiment; il suffirait de connaître le dictionnaire... Non, la chose est en tant qu'être, cela veut dire qu'elle se réalise, elle se produit, elle devient; or si elle est en devenir, c'est qu'elle a un but, une finalité. Pour traduire cela, Aristote dit que la chose est en [[Acte|acte]], elle ''est en train de se réaliser''.
 
  
 
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Version actuelle datée du 21 octobre 2013 à 21:49

Le point de départ de la connaissance est un étonnement, une admiration (en grec: theôria). L'existence d'une chose considérée en elle-même est tellement improbable, tellement extraordinaire, même pour le plus petit objet de la réalité, que le philosophe d'abord s'étonne. Cet étonnement peut d'ailleurs conduire, si l'on veut l'associer à une activité morale, à une science particulière qui est la Sagesse, où l'on cherchera en particulier à connaître et contempler l'être premier à la source de tous les êtres, objet d'une connaissance et d'une expérience intérieure. Toutefois, la Philosophie première, appelée aussi dans la tradition, après Aristote, "Métaphysique", est plutôt orientée vers la connaissance des objets de l'expérience externe, qui méritent eux aussi (et souvent même eux d'abord, dans l'éducation d'un enfant), cet étonnement.

Au plus il s'étonne, au plus le philosophe pourra ensuite entrer dans la complexité de la description de cette chose. Car son but ici, en philosophie de l'être, est de comprendre non pas en quoi la chose est faite, quelle est sa composition matérielle (car il y a des choses existantes qui ne sont pas matérielles) ni d'où vient cette chose (car ce qui intéresse ici c'est la chose elle-même non son origine); son but est de comprendre ce qu'elle est, sous tous les rapports possibles, et pourquoi elle est ainsi et pas autrement, c'est-à-dire, en somme, ce qui fait qu'elle est une chose unique et unifiée malgré la complexité de son organisation.

On pourrait dire en termes techniques que la philosophie première étudie la cause formelle et la cause finale, mais non la cause efficiente ou exemplaire ni la cause matérielle, auxquels cas on est renvoyé à la philosophie de la matière ou encore à la philosophie du vivant.

L'être n'est pas un concept. Il est. Mais le point de départ de la philosophie première est d'affirmer: "cela est". Son point de départ est donc l'être mais aussi, en tant que question philosophique, le jugement d'existence que cet être est. Or le jugement est une opération de l'intelligence qui obéit à des règles précises, et d'abord il utilise des mots. Le mot clef, au point de départ de la philosophie première, est le mot "substance". En outre, si l'on dit qu'une chose est, il ne suffit pas de la ranger dans une case d'un tableau pour arriver à la connaître vraiment; il suffirait de connaître le dictionnaire... Non, la chose est en tant qu'être, cela veut dire qu'elle se réalise, elle se produit, elle devient; or si elle est en devenir, c'est qu'elle a un but, une finalité. Pour traduire cela, Aristote dit que la chose est en acte, elle est en train de se réaliser.