"L'Eglise vit de l'Eucharistie" (partie II)

De Ebior
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Présentation

Dans notre précédent numéro, nous vous avons présenté, la première partie de la nouvelle encyclique du Pape Jean Paul II "L'Église vit de l'Eucharistie", l'une des plus importantes de son pontificat.

Nous vous avons expliqué comment et dans quelles conditions il a offert au monde cette longue méditation où il se livre tout entier et nous délivre l'enseignement le plus haut, le plus profond, le plus constant, celui que l'Église, depuis ses origines, professe sur la sainte Eucharistie.

Comme le titre l'indique clairement, Jean Paul II ne considère pas l’ Eucharistie comme un élément isolé de la Révélation, mais en son lien fondamental avec l'Église. L'Église vit de l'Eucharistie. L'Église fait l'Eucharistie. Sans l'Eucharistie, pas d'Église, et sans l'Église, pas d'Eucharistie.

Nous avons traité de la première partie de cet enseignement avec :

Ch  1 : "l'Eucharistie. Mystère de foi",

  1. la Messe est le Sacrifice Eucharistique par excellence,
  2. par la Consécration, le Corps et le Sang de Jésus Christ sont transubstantiés.

Ch  2 : "l'Eucharistie édifie l'Église".

L'Eucharistie, depuis ses origines, édifie l'Église. Le Pape y rappelle la nécessité absolue pour tout chrétien d'adorer Jésus réellement présent dans l'Eucharistie,

Faisons connaître partout cette belle encyclique. Ce modeste article est là pour vous y aider.

C'est bien pour rappeler la "centralisation", le rôle central de l'Eucharistie dans la vie de l'Église, que le Pape a adressé cette encyclique au milliard de catholiques. Il entend dans ce document superbe redonner tout leur sens aux expressions de "banquet divin", de "présence réelle" du Christ et de "sacrifice" que la pratique moderne a parfois affadies :

"L'Église vit continuellement du sacrifice rédempteur du Christ. Ce sacrifice se perpétue sacramentellement dans chaque communauté par les mains du ministre consacré".

En vérité, l'Eucharistie est un vrai banquet dans lequel le Christ s'offre en nourriture. Ces paroles ne sont pas une métaphore !".

L'encyclique va plus loin encore. Face aux dérives de ces dernières années, elle réaffirme ce que le chrétien doit croire sur l'Eucharistie pour s'approcher de la sainte Communion.

Abordons maintenant ici la seconde partie.



Ch. 3 - L'apostolicité de l'Eucharistie et le sacerdoce ministériel

L'Eucharistie, comme l'Église, est apostolique : elle repose sur la foi des Apôtres:

"A l'origine de l'Eucharistie, il y a les apôtres. Ce sacrement leur a été confié par Jésus et a été transmis par eux et par leurs successeurs jusqu'à nous. C'est en continuité avec l'action des Apôtres, obéissant à l'ordre du Seigneur, que l'Église célèbre l'Eucharistie au long des siècles.

L'Eucharistie est célébrée conformément à la foi des apôtres. Cette foi demeure inchangée, et il est essentiel pour l'Église qu'elle le demeure".

Jean Paul II reprend les définitions de Lumen Gentium pour nous rappeler que :

"Certes, les fidèles, pour leur part, en vertu de leur sacerdoce royal, concourent à l'offrande de l'Eucharistie, mais c'est le prêtre ordonné qui célèbre le Sacrifice Eucharistique en la personne du Christ, et l'offre à Dieu au nom de tout le peuple. Personne d'autre qu'un prêtre ordonné ne peut célébrer l'Eucharistie.

C'est pour cela que dans le Missel romain il est prescrit que ce soit le prêtre seul qui récite la prière eucharistique pendant que le peuple s'y associe dans la foi en silence", § 28. Car il s'agit pour le prêtre d'un don qui dépasse radicalement le pouvoir de toute l'assemblée, § 29.

L'encyclique précise à plusieurs reprises que l'Eucharistie ne peut être célébrée sans prêtre et recommande aux prêtres de la célébrer chaque jour. Elle rappelle que les célébrations dominicales en l'absence du prêtre ne peuvent être que des solutions provisoires.

Recommandation pressante

Un catholique ne doit pas communier lors des célébrations protestantes, faute d'un plein accord sur la signification des sacrements de l'Ordre et de l'EuchaIistie. "Pour être valide, il faut que ce sacrement soit administré par un prêtre ordonné par un évêque successeur des Apôtres qui professe que le Christ est réellement présent sous les apparences du pain et du vin", § 29.

Ch 4 - La communion de l'Église se manifeste dans l'Eucharistie

Évangélisons nos enfants dès leur jeune âge. Enseignons-leur que :

"L'Eucharistie est le sommet de tous les sacrements, car elle porte à la perfection la communion avec Dieu le Père, grâce à l'identification avec le Fils unique par l'action du Saint Esprit", § 34.

Pour recevoir le Sacrement de l'Eucharistie, il nous faut être fidèles à ces recommandations :

L'Eucharistie ne vient pas de nous, mais du Christ. En elle, c'est le Christ que nous recevons. On ne peut donc pas la recevoir si l'on n'est pas en communion avec l'Église, cela par respect pour ce grand sacrement, car il n'admet pas de mensonge. Aussi le fidèle en état de péché doit-il se confesser avant de communier. La communion est réservée aux personnes baptisées adhérant à la foi catholique. Pour les Églises séparées, il est impossible de célébrer, jusqu'à ce que soit rétablie l'intégrité des liens de la profession de foi, des sacrements et du gouvernement ecclésial".

Jean Paul II attire enfin l'attention sur les dérives et les abus possibles contre la sainte Eucharistie, il lance "un vigoureux appel pour que, dans la Célébration eucharistique, les normes liturgiques soient observées avec une grande fidélité", et rappelle que "la liturgie n'est jamais la propriété privée de quelqu'un, ni du célébrant, ni de la communauté", § 52.

Ch. 5 – Marie, femme "eucharistique"

Jean Paul II conclut toujours ses documents les plus importants par un paragraphe dédié à la Sainte Vierge.

Il propose ici une belle méditation sur la vie de Marie, anticipant dans son coeur et dans son existence la signification de l'Eucharistie. Elle a été le "premier Tabernacle", tabernacle vivant, conscient, croyant, aimant.

Il chante la Mère du Christ comme modèle de foi et de vie eucharistiques dès le Fiat, par lequel elle permit au Verbe de Dieu de se faire chair.

"Il existe une analogie profonde entre le fiat que répond Marie aux paroles de l'Ange et l'amen que chaque fidèle prononce quand il reçoit le Corps du Seigneur... Durant toute sa vie au côté du Christ et non seulement au Calvaire, Marie a fait sienne la dimension sacrificielle de l'Eucharistie", § 56,

Le Pape termine ce chapitre consacré à "Marie, femme eucharistique" par cette superbe louange :

"Marie chante les "cieux nouveaux" et "la terre nouvelle", qui, dans l'Eucharistie, trouvent leur anticipation et leur "dessein" programmé. Si le Magnificat exprime la spiritualité de Marie, rien ne nous aide à vivre le mystère eucharistique autant que cette spiritualité. L'Eucharistie nous est donnée pour que notre vie, comme celle de Marie, soit tout entière un Magnificat !", § 58.

Nous voilà invités à "prendre Marie chez nous", comme le disciple bien-aimé, afin qu'elle nous conduise à entrer comme elle dans une vie irradiée par l'Eucharistie.

Conclusion

Ave verum corpus natum de Maria Virgine ! Salut vrai Corps, né de la Vierge Marie.

 C'est par ce chant sublime que Jean Paul II ouvre la conclusion de cette belle encyclique.

Le Pape y donne son propre témoignage de foi en la très sainte Eucharistie. "Ici se trouve le trésor de l'Église, le coeur du monde, le gage du terme auquel aspire tout homme, même inconsciemment" § 59.

Comment pourrions-nous négliger un tel trésor ?

Les "exigences" et "règles" qu'il rappelle tout au long de cette encyclique n'ont qu'un but : que le trésor reste bien un trésor reconnu comme tel. D'abord par les catholiques, appelés à le redécouvrir et à en témoigner; ensuite par tous les chrétiens, invités à l'accueillir en sa plénitude.

Approchons-nous de l'Eucharistie, nourrissons nos âmes de ce que l'encyclique nous fait découvrir du Pain des anges, buvons à sa coupe le Vin fort et capiteux que Dieu nous donne. Et surtout par notre fidélité, rassurons le Pape. Car il s'inquiète:

J'espère, dit-il, que cette encyclique contribuera efficacement à dissiper les ombres sur le plan doctrinal et les manières de faire inacceptables, afin que l'Eucharistie continue à resplendir dans toute la magnificence de son mystère.

Travaillons avec ardeur à la faire connaître pour qu'elle soit aimée par tous, surtout par les jeunes, pour qu'elle soit reçue et appliquée fidèlement dans toute la chrétienté, et d'abord là où nous sommes.

Auteur : Françoise LUCROT (AFALE France)

Publié dans l’AFALE Magazine n° 282 de Juin 2003 Première partie