"L'Eglise vit de l'Eucharistie" (partie I)

De Ebior
Révision datée du 15 décembre 2010 à 17:19 par JFV (discussion | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Aller à la navigationAller à la recherche

Jean Paul II célèbre le "trésor" de l'Eucharistie.

Présentation

A l’occasion du Jeudi Saint, ce 17 avril 2003 , Jean Paul II vient de faire paraître à Rome sa 14° encyclique "Ecclesia de Eucharistia, l'Église vit de l'Eucharistie". Prenez-en bien vite connaissance. Vous serez émerveillés.

Le Pape nous y avait préparé en nous appelant à méditer l'Institution de l'Eucharistie, dans les Mystères lumineux.

"L’Église vit de l'Eucharistie" est superbe. Elle restera comme l'une des plus importantes du pontificat, car elle a une portée spirituelle intense. On retrouve dans cette longue méditation où le Pape se livre lui-même, l'enseignement le plus haut, le plus profond, le plus constant que l'Église professe depuis ses origines.

Comme l'indique clairement le titre, le Pape ne considère pas l'Eucharistie comme un élément isolé, mais comme un lien fondamental avec l'Église. Ce rapport entre l'église et l'Eucharistie est essentiel. L'Église vit de l'Eucharistie et l'Eucharistie nous est donnée par et dans l'Église.

Quel bonheur pour nous de lire et d'approfondir dans ce document ce qui est notre joie : le don que Jésus Christ fait de Lui-même dans la Sainte Eucharistie.

La coïncidence entre la publication de cette encyclique el le Jeudi Saint n'a rien de fortuit. C’est le jour où l'Église fête l'Institution de l'Eucharistie par le Christ. Le Pape rappelle la place centrale de ce sacrement dans la vie chrétienne. Mais il y a une autre rencontre de calendrier : le l7 avril est, cette année, le premier jour de la Pâque juive. Or, nous disent les Évangiles synoptiques, la dernière Cène de Jésus fut d'abord un seder, le repas pascal du peuple d'Israël qui avait lieu précisément le premier jour de la Pâque juive.

Ainsi la première "Messe" de l'Histoire est-elle ancrée dans une mémoire profonde: celle de l'exode du peuple élu, libéré de la servitude de Pharaon pour transmettre la Révélation, et vivre au service de Dieu et des hommes, comme le rappelle la lecture du livre de l'Exode au ch.12 à l'office du Jeudi Saint.

Mais la mort, évitée par le "passage" (en hébreu : pessah, c'est-à-dire pâque) de la mer Rouge, n'était pas encore définitivement vaincue. Dieu seul pouvait ouvrir le chemin de la Vie en "passant" lui-même la mort. De là l'Incarnation du Verbe de Dieu, sa Passion et sa Résurrection - que nous célébrons lors du Triduum pascal - et qui nous vaut notre Rédemption.

L'Eucharistie se trouve au centre de la vie de l'Église, puisque celle-ci repose sur la foi de Pâques. A notre époque de fer et de sang, le Pape explique qu'il attend de nous que nous retrouvions pour ce divin Sacrement la fidélité et la ferveur que nos pères lui ont toujours portées.

Voilà ce qui constitue la trame de l'encyclique.

Étudier et méditer l'Église vit de l'Eucharistie

Lisez-la, relisez-la, et n'hésitez pas à revenir sur les points importants que vous aurez soulignés. Jean Paul Il nous la propose pour revivifier notre foi en la Sainte Eucharistie, notre amour pour le Christ "réellement présent". Il s'agit là d'un enseignement d'un caractère solennel que le Pape adresse aux évêques, aux prêtres et aux diacres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles laïcs. Tous, nous devons donc avoir à cœur de la connaître.

Les ombres ne manquent pas

Le Pape y explique aussi les raisons qui l'ont incité à la publier : rappeler la foi intangible de l'Église sur ce Saint Sacrement et remettre au niveau de l'Église universelle, là où c'est nécessaire, les pendules à l'heure afin de repartir dans la vraie direction. Écoutons-le :

Les ombres ne manquent pas : l'abandon de l'adoration du culte eucharistique, les abus et déviances qui contribuent à obscurcir la foi droite et la doctrine catholique concernant cet admirable Sacrement ou une compréhension réductrice du culte eucharistique.

Il rappelle aussi la nécessité du sacerdoce ministériel, qui s'appuie sur la succession apostolique, parfois obscurcie, et déplore la tendance dans certaines communautés catholiques à vivre la messe comme une simple rencontre conviviale, et non pas comme le sacrement fondateur de l'Église.

Comme l'indique le titre de l'encyclique, le Pape ne considère pas, l'Eucharistie comme un élément isolé, mais nous montre très fortement sa place centrale dans l'Église. C'est d'elle que vit l'Église. C'est de ce "pain vivant " qu’elle se nourrit. Ce rapport entre l'Église et l'Eucharistie est essentiel. L'Église et l'Eucharistie ne se comprennent que l'une par l'autre.

L'enseignement du Pape s'exprime à travers les six chapitres d'Ecclesia de Eucharistia, l’Eglise vit de l'Eucharistie:

Ch. 1 - Un Mystère de foi

Dans ce chapitre, Jean Paul Il rappelle ce qu'est ce "mystère de la foi" l'Eucharistie. Un mystère tellement riche qu'il est difficile de l'exprimer en sa totalité.

Le danger n'est pas mince, dès qu'on a découvert une facette de ce diamant, d'y trouver tellement de lumière qu'on en oublie de regarder le trésor sous un autre angle, pourtant tout aussi resplendissant.

Jean Paul II rappelle ici ce que l'Église a toujours professé non seulement sur le Mystère de foi lui-même, mais aussi sur le Sacrifice Eucharistique, que nous appelons la Messe. Tout serait à citer.

Nous n'en portons à votre connaissance que les passages les plus significatifs. Il vous faudra les connaître par cœur. Reportez-vous au texte lui-même. Imprégnez-vous en pour le redire autour de vous car les générations qui nous suivent ne le savent pas et elles ont le droit absolu de le savoir.

Le Sacrifice Eucharistique

L'Eucharistie est le don du Christ par excellence: non pas seulement un don fait par le Christ, mais le don du Christ Lui-même, de sa personne, de sa sainte humanité et de son œuvre de salut.

Tel est le "Mystère de la foi", acclamé à chaque célébration de la Messe et le Mystère du Sacrifice de la Croix et de la Résurrection, à chaque fois rendu présent.

Cette présence est "réelle", en ce sens qu'elle est substantielle et que par elle, le Christ, Homme-Dieu, se rend présent tout entier, § 15.

Quand l'Église célèbre l'Eucharistie, mémorial de la mort et de la Résurrection de son Seigneur, cet événement central du salut est rendu réellement présent, et ainsi s’opère l'oeuvre de notre Rédemption.

Ce sacrifice est tellement décisif pour le salut du genre humain que Jésus Christ ne l'a accompli et n'est retourné vers le Père qu 'après nous avoir laissé le moyen d'y participer comme si nous y avions été présents § 11.

La Messe est à la fois et inséparablement le mémorial sacrificiel dans lequel se perpétuent le Sacrifice de la Croix et le banquet sacré de la communion au Corps et au Sang du Seigneur" § 12.

Le Corps et le Sang de Jésus-Christ sont transsubstantiés

Par la consécration du pain et du vin s'opère le changement de toute la substance du pain en la substance du Corps du Christ notre Seigneur, et de toute la substance du vin en la substance de son sang, ce changement, l'Eglise catholique l'a justement et exactement appelé transsubtantiation § 15.

Ce don si grand, est manifesté particulièrement dans la communion, dans son sens le plus grand. Car la communauté célébrant l'Eucharistie a également la responsabilité de "construire un monde qui soit à la mesure de l'homme et qui réponde pleinement au dessein de Dieu" § 20.

Et Jean Paul II de citer saint Jean Chrysostome, Père de la liturgie byzantine : "Quel avantage y a-t-il à ce que la table du Christ soit chargée de vases d'or, tandis que Lui-même meurt de faim? Commence par rassasier l'affamé, et avec ce qui restera tu orneras ton autel.

Ch. 2 - L'Eucharistie édifïe l'Église

Dans ce second chapitre, le Pape montre comment l'Eucharistie édifie l’Eglise, "Chacun d'entre nous reçoit le Christ" et "le Christ reçoit chacun de nous". Ainsi se constitue "le peuple de la nouvelle Alliance" (§ 21), que nous appelons aussi le Corps du Christ. Ce peuple, "loin de se refermer sur lui-même, devient "sacrement" pour l'humanité (§ 22).

Aux origines de l'Église, il y a une influence déterminante de l'Eucharistie. La Célébration eucharistique est au centre du processus de croissance de l'Eglise. C'est elle qui la fait grandir. En donnant son Corps et son Sang en nourriture à ses Apôtres, Jésus les a unis au sacrifice qui l'attendait, mais aussi à la mission qu'il va leur confier et au Royaume de Dieu "qui croît comme un grand arbre.

"L'incorporation au Christ, réalisée par le Baptême, se renouvelle et se renforce continuellement par la participation au Sacrifice eucharistique, surtout par la pleine participation que 1'on y a par la communion sacramentelle. Nous pouvons dire que chacun d'entre nous reçoit le Christ, mais aussi que le Christ reçoit chacun d'entre nous. Il resserre ainsi son amitié avec nous§ 22.

Ce n'est pas simplement "l'incorporation au Christ" qui est réalisée, mais tout l'édifice de l'Eglise qui se trouve consolidé; et la mission de celle-ci découvre, dans l'Eucharistie, "sa source et son sommet" - selon la définition de Vatican II

Enfin, Jean Paul Il rappelle dans ce chapitre une constante fondamentale de notre foi, le culte rendu au Christ par les chrétiens lors de l'adoration du Saint Sacrement:

Adorer Jésus réellement présent dans l'Eucharistie

en dehors de la Messe est d'une valeur inestimable dans la vie de l'Eglise. Ce culte est étroitement uni à la célébration du Sacrifice eucharistique. La présence du Christ sous les saintes espèces conservées après la Messe - présence qui dure tant que subsistent les espèces du pain et vin - découle de la célébration du Sacrifice et tend à la communion sacramentelle et spirituelle.

Il revient aux pasteurs d'encourager, y compris par leur témoignage personnel, le culte eucharistique, particulièrement les expositions du Saint Sacrement, de même que l'adoration devant le Christ présent sous les espèces eucharistiques.

Il est bon de s'entretenir avec Lui et, penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé (cf. Jn 13 25), d'être touchés par l'amour infini de son cœur.

Si, à notre époque, le christianisme doit se distinguer surtout par "l'art de la prière", comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d'amour, devant le Christ présent dam le Saint Sacrement ? Bien des fois, chers Frères et Soeurs, j'ai fait cette expérience et j'en ai reçu force, consolation et soutien § 25.

Auteur : Françoise LUCROT (AFALE France)

Publié dans l’AFALE Magazine n° 281 de Mai 2003

SUITE