Glossaire topographique de Jérusalem (Nouveau Testament)
Construite par les Croisés après 1100, en pur style roman, l’église de sainte Anne est sans doute la plus belle église de ce style de tout le Proche Orient. Elle est construite au-dessus d’une crypte où, selon la Tradition, aurait vécu Joachim et Anne, les parents de Marie. Celle-ci y serait également née. Depuis 1856, cette église appartient à la république française et est confiée aux Pères Blancs. A proximité se situent les ruines de l’ancienne piscine de Bethesda .
Antonia
- Cette forteresse située au nord-ouest du Temple fut construite par les rois hasmonéens au IIème siècle avant Jésus-Christ et restaurée par Hérode le Grand qui la rebaptisa du nom de son protecteur, le célèbre triumvir romain Marc Antoine. Une cohorte dirigée par un tribun y résidait en permanence (Ac 21,31). C’est à la fois une immense plate-forme massive, encadrée de quatre tours, dominant le temple en contrebas et un véritable palais aux nombreuses pièces bien équipées. Ce vaste ensemble, totalement détruit depuis le 24 juillet 70, regroupe aujourd’hui une école musulmane, un monastère franciscain et le couvent des Sœurs de Sion. Dans la cour de cette école, considérée traditionnellement comme le lieu du procès du Christ commence la Via Dolorosa, le Chemin de Croix. Dans le couvent, les fouilles de 1931 à 1937 ont mis à jour un magnifique dallage avec, gravé dans la pierre, une représentation du jeu du roi. Ce jeu d’osselets pouvait servir de distraction aux militaires de la garnison romaine. Ce dallage a été appelé le Lithostrotos, par référence au texte de Jn 19,13 bien qu’il n’est plus du tout prouvé qu’il s’agisse bien du lieu du jugement du Christ. En effet il appartient plutôt au forum construit par HADRIEN, étant construit au-dessus d’une citerne comblée et voûtée par TITUS lors du siège de 70 après Jésus-Christ. On y voit également une partie d’une porte triple romaine qui se prolonge dans la rue adjacente par un arc dit de l’Ecce Homo, en souvenir des paroles de Ponce Pilate en Jn 19,5. Toutefois celui-ci fut sans doute construit par le roi AGRIPPA I (41-44) ou par l’empereur HADRIEN, en 135 de notre ère lorsqu’il rebâtit Jérusalem sous le nom d’Aelia Capitolina.
Bethesda
- Ou Bezatha, en araméen "la fente". Nom d’une piscine située au nord-est de l’enceinte du Temple près de l'église sainte Anne et de la Porte des Brebis d’où son nom également de piscine probatique (" probata " en grec signifie " brebis ") .
- C'est là que Jésus guérit un homme infirme depuis trente-huit ans (Jn 5,8). Cet ensemble construit au IIème siècle avant Jésus-Christ est constitué de deux bassins séparés par une digue centrale formait un quadrilatère d’environ 100 mètres de long sur une largeur de 60 à 90 mètres ce qui justifie l’expression " aux cinq portiques " (et non un pentagone) utilisée en Jn 5,2. C’était en fait un sanctuaire dédié à Asclépios ou Esculape, le dieu gréco-romain de la médecine où de nombreux ex-voto païens ont été découverts. Une foule de malades et d'handicapés s'y pressaient dans l'espoir d'une guérison miraculeuse. Au Vème siècle, la nef centrale d'une basilique byzantine fut construite sur la digue qui séparait les deux bassins avec son choeur, reposant par huit grandes arches au-dessus des anciens bains païens en partie comblés.
Cenacle
- Le Cénacle (en latin cenaculum, " la chambre haute ") se situe au sud-ouest de la vieille ville, sur le mont Sion et à l’extérieur des remparts de Soliman, contrairement à l’époque du Christ. C’est dans cette chambre haute qu’une tradition situe le dernier repas de Jésus avec les siens, la Cène (Mt 26,17-25 ; Lc 22,14-27). Mais selon la plus ancienne tradition de Jérusalem, ce serait ici également que Marie, les Douze et d’autres disciples se rassemblèrent après la crucifixion, assistèrent aux apparitions du Christ (Jn 20,19-23) et à la descente de l’Esprit Saint, " comme des langues de feu " (Ac 2,1-4).Dès le premier siècle, les premiers chrétiens y bâtirent une petite église qui échappa aux destructions de 70 et de 135 et qui représente peut-être la première de toutes les églises. Les Byzantins l’agrandirent vers 390 pour en faire un des plus grands édifices de Palestine et lui donnèrent le nom de Sainte Sion, nom qui fut étendu ensuite à toute la colline où elle se situe. Cette église fut détruite par les Perses en 614, reconstruite par les croisés au XIIème siècle et à nouveau détruite en 1219. Par la suite, en 1333, les moines franciscains ne reconstruisirent que la seule salle actuelle, de forme rectangulaire, à plafond haut et voûté, soutenu par des colonnes à chapiteaux gothiques.
dominus flevit
- Située a mi-pente du mont des Oliviers, cette petite église franciscaine, construite en 1955 en forme de larme, commémore les pleurs de Jésus se lamentant sur le sort de Jérusalem (Lc 19,41-44 : Dominus flevit, en latin " le Seigneur a pleuré "). Elle est bâtie sur une autre église croisée et sur les vestiges d’un monastère remontant au Vème siècle. La verrière derrière l’autel procure une magnifique vue sur la ville sainte.
dormition et tombeau de marie
- La basilique de la Dormition de la Vierge Marie a été construite en 1910 par les chrétiens allemands au sommet de la colline de l’ouest, sur les ruines de l’ancienne basilique byzantine de la Sainte Sion. Selon la tradition de Jérusalem, c’est là que Marie vécut ses derniers jours et s’endormit pour l’éternité, le Christ emportant son âme vers le ciel et son corps restant épargné par la corruption. Selon un texte apocryphe du Vème siècle, le Transitus Mariae (" le passage de Marie " en latin), les apôtres déposèrent son corps dans un sépulcre neuf, dans la vallée de Josaphat identifiée au Cédron au pied du mont des Oliviers. Sur les ruines d’une première église byzantine, les Croisés y construisirent un sanctuaire roman, au-dessus d’une crypte qui contient une chambre funéraire avec une banquette de marbre. L’accès se fait actuellement par un escalier d’une cinquantaine de marches.
Remarquons toutefois qu’une autre tradition situe l’Assomption de Marie à Éphèse, en Asie mineure, où elle aurait vécu auprès de saint Jean.
Gallicante
- Gallicante (saint Pierre en) Ou saint Pierre au chant du coq, selon le latin " in gallicantu ".
Cette église, qui domine la vallée du Cédron, est dédiée à Pierre, le prince des apôtres, qui renia par trois fois Jésus (Mt 26,31-34 pour l’épisode du chant du coq). Construite au Vème siècle au-dessus d’une fosse profonde vénérée par les chrétiens, elle fut détruite une première fois en 614 par les Perses et à nouveau en 1009 en même temps que le Saint Sépulcre. Cette fosse, profonde de trois mètres, a pu servir de bain rituel juif avant d’être transformé en citerne et/ou en prison. De plus, de nombreuses autres excavations, grottes, caves ou citernes situées à proximité restent bien mystérieuses.
L’église actuelle fut bâtie en 1931 au dessus des ruines byzantines, sur l’emplacement où la tradition situe la résidence du grand prêtre Caïphe. La présence de nombreuses croix byzantines, une collection de poids et mesures officiels ainsi que des témoignages littéraires comme celui du Pèlerin anonyme de Bordeaux en 333 peuvent être interprétés en ce sens. Ce serait donc là que Jésus fut conduit après sa capture, qu’il comparut devant le sanhédrin et qu’il fut condamné. De là il fut ensuite livré au gouverneur romain Ponce Pilate.
Un chemin en escalier fort pentu descend des beaux quartiers de la ville haute du mont Sion vers les quartiers populaires de la vallée du Cédron : il est encore bien visible de nos jours et semble contemporain du Christ. Peut-être a-t-Il utilisé ces marches lors de la semaine sainte lorsqu’ Il a quitté la chambre haute du Cénacle, située à dix minutes de marches, en en sens inverse, après son arrestation à Gethsémani.
Remarquons toutefois qu’une autre tradition, moins vraisemblable, situe le lieu de l’arrestation, trois cent mètres plus haut, à l’église arménienne de Caïphe, près de la porte de Sion et du Cénacle.
Géhenne
- Cette vallée au sud de Jérusalem, dont le nom hébreu Gê Ben Himmôm signifie "vallée des fils de Hinnom" débouche dans la vallée du Cédron au pied du village de Siloé. Avant l'Exil en Mésopotamie, au temps du roi Achab (IXème siècle), des Juifs idolâtres y ont sacrifié aux dieux Moloch et Baal en brûlant vifs leurs enfants. Après l'Exil, les Juifs ont voulu montrer l'horreur qu'ils avaient de ce lieu en y entretenant un feu, peut-être permanent, qui brûlait ce que la ville rejetait: ordures, mais aussi cadavres d'animaux et de criminels. Ainsi, la Géhenne fut associée, d'une part à la souffrance de ceux qui y avaient été sacrifiés, mais aussi à l'image de destruction continuelle de l'impureté.
Gethsémani
- (en hébreu, "pressoir aux olives") Lieu-dit situé au pied du mont des Oliviers , à quelques centaines de mètres du Temple, sur la rive orientale du torrent du Cédron où Jésus aurait vécu son agonie (Mt 26,36 – Mc 14,32 – Jn 18,1). C’est un verger planté d’oliviers, avec un pressoir à huile. Une tradition non vérifiée du IVème siècle le situe à cinquante mètres à l’est du pont sur le Cédron, dans un petit jardin fermé. Dans cet endroit paisible poussent toujours huit oliviers très anciens, dont certains sont sans doute âgés de plusieurs siècles. Il est fort probable que le Christ sortit du Cénacle, descendit par l’escalier de la colline de Sion, encore utilisable aujourd’hui et traversa le Cédron pour se rendre à Gethsémani. Une grotte, dite grotte de la Trahison, est connue traditionnellement comme le lieu de l’arrestation du Christ ou d’un repas accompagné d’un lavement des pieds.
Une première basilique s’éleva en ce lieu dès 379 mais fut détruite par les Perses en 615. Elle fut ensuite reconstruite par les Croisés au XIIème siècle et se dégrada au cours du temps. La magnifique basilique actuelle ou Église des Nations fut bâtie entre 1919 et 1924 grâce au soutien de seize pays différents, d’où son nom. L’intérieur, volontairement assombri, recouvre ce qui reste du rocher de l’Agonie : l’atmosphère qui y règne pousse à la prière et au recueillement. La célèbre mosaïque du fronton extérieur représente le Christ en prière offrant à son Père ses souffrances et celles de l’humanité.
Golgotha
- [[Image:|évolution du Golgotha]]
- Le toponyme araméen Golgoltha qui signifie "crâne" a été transcrit " Golgotha " en grec (Mt 27,33 ; Mc 15,22 ; Lc 23,33) et traduit en latin par " calvaria " qui a donné notre mot " calvaire ". Sans doute à cause de la disposition du lieu : un petit tertre rocheux de 4 à 5 mètres (ou 10 ?) de haut, situé hors des remparts de Jérusalem, du côté nord-ouest, qui servait de lieu d’exécution des condamnés : neuf tombes ont été découvertes lors de fouilles. Jésus fut crucifié dans ce lieu sauvage et impressionnant malgré sa petite taille. Il était situé dans une carrière abandonnée seulement à l'époque romaine et n'avait subsisté que parce qu'il était composé d'une roche calcaire friable et donc inutilisable. D'après l'Évangile selon Jean (19,41), on y trouvait un jardin et un tombeau où Jésus fut placé. Depuis l’empereur Constantin au IVème siècle, le Golgotha est inclus avec le tombeau du Christ (Anastasis) dans la basilique du Saint-Sépulcre.
Évolution chronologique du site
1 À l'époque royale , la colline fut exploitée comme carrière qui laissa des marches de 2 mètres de hauteur environ
2 Après l'exil, la carrière abandonnée servit pour creuser des tombes
3 Au temps d'Hérode le fond de la carrière devient un jardin et le bloc isolé qui s'élève à environ 5 mètres au-dessus du jardin sert de gibet. Au sommet, accessible par un escalier intérieur, se situent deux chapelles : l’une, catholique, à l’endroit où le Christ fut dépouillé de ses vêtements et cloué à la croix, l’autre, grecque orthodoxe, à l’endroit même de la crucifixion. Toutes les deux reposent en partie sur le rocher d’origine, encore visible à l’étage inférieur dans la chapelle d’Adam.
Haceldama
- C’est dans une étendue rocailleuse située à l’extrémité orientale du versant sud de la vallée de la Géhenne que, selon une tradition remontant au IVème siècle, se situe " le champ du potier ", transformé en " champ du sang " ou Haceldama (Ac 1,19) après la remise de l’argent de la trahison de Judas (Mt 27,8). Une grotte, où les apôtres se seraient enfuis après avoir abandonné Jésus lors de son arrestation, est connue sous le nom de "refuge des apôtres".
Jérusalem
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Schéma tiré du Guide Gallimard de Terre Sainte
Capitale de la Judée, située à 50 kilomètres de la mer Méditerranée et à 22 kilomètres de la mer Morte. Elle se situe sur la ligne de partage des eaux et présente un relief fort prononcé car la ville s’élève sur deux promontoires rocheux, séparés par la dépression du Tyropéon, aujourd'hui pratiquement comblée :
- sur un versant verdoyant et arrosé , le promontoire occidental avec la ville haute (jusque 780 m) contourné par la vallée de la Géhenne ou Hinnom
- le promontoire oriental (ville basse) constitué par le mont Sion (660 m) et le mont Moriah, où s’élève le Temple (entre 720 et 740 m) A l'est, en-dehors de la ville antique, une autre vallée, celle du Cédron (entre 610 et 690 mètres d’altitude) au pied d'un versant presque désertique culminant au Mont des Oliviers Tiré de Bargil PIXNER, Avec Jésus à Jérusalem, Corazin, 1996 (815 m) . Vers le sud, ce ravin rejoint la vallée de la Géhenne.
L’historien juif Flavius JOSÈPHE (1er siècle après Jésus-Christ), lors du siège en 70 de la ville de Jérusalem par les Romains nous rapporte que trois murs entouraient la ville à cette époque :
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- le Premier Mur, que de nombreuses fouilles ont mis à jour en plusieurs endroits, est bien connu sauf pour sa jonction avec l’enceinte du Mont du Temple à l’est. Il date sans doute du roi EZÉCHIAS et fut restauré par les Hasmonéens.
- le Deuxième Mur, qui date probablement du temps d’HÉRODE le Grand, n’a pas encore livré de vestiges évidents. Il devait relier le Palais supérieur d’HÉRODE à l’ouest avec la forteresse Antonia, à l'est. C’est à l’intérieur de cette espace que se trouvaient des marchés mais à l’extérieur que se situait le Golgotha.
- le Troisième Mur, commencé par HÉRODE AGRIPPA I (41-44), interrompu par l’empereur CLAUDE et achevé en 66, au début de la révolte contre Rome, est controversé quant à son tracé. Certains chercheurs le confondent avec l’actuelle enceinte turque alors que la majorité d’entre eux estime qu’il se trouvait près de trois cent mètres plus au nord.
Plan de Jérusalem tiré de Jacqueline GENOT-BISMUTH, Jérusalem ressuscitée, FX de Guibert, 1992
Hérode le Grand a fait construire l’Antonia ainsi qu’un palais forteresse défendu par trois grandes tours. A l’époque du Christ, les murailles de la ville s’étendaient au sud jusqu’au confluent du Cédron et de la Géhenne alors qu’au nord, le Golgotha se trouvait en-dehors des remparts. Cette situation persistera jusqu’à la construction du rempart septentrional par Mt 2,1 et Lc 13,14). À l'époque de Jésus, la ville était dotée d'un grand Temple (Mc 11,11 et 11,15), unique lieu de culte, vers lequel les Juifs montaient (Mc 10,32) notamment à l'occasion des trois grandes fêtes de pèlerinage : Pâque, Pentecôte et Tentes (Dt 16,6). A ces différentes occasions, aux trente ou quarante mille habitants de la ville venaient s’ajouter de cent à deux cent mille pèlerins ; cette foule pouvait constituer une menace pour les autorités juives et romaines. Aussi le gouverneur venait s’installer avec des troupes soit dans l’ancien palais d’Hérode le Grand, soit dans la forteresse Antonia. C’est dans cette ville que Jésus vécut ses derniers moments, sa passion, sa mort et sa résurrection. Principaux lieux mentionnés dans le Nouveau Testament : l’Antonia, la piscine Bethesda, Gethsémani, le Golgotha, la Géhenne, Haceldama, le mont des Oliviers, le Temple.
[[Image:]] Localités autour de Jérusalem :
- au nord-est : Jéricho et le mont de la Tentation ( ou de la Quarantaine)
- immédiatement à l'est : le mont des Oliviers, Bethphagée et Béthanie avec le tombeau de Lazare
- au sud : Bethléem et Hébron
Oliviers (mont des)
- Située à l’est de Jérusalem dont elle est séparée par la vallée du Cédron large d’environ huit cent mètres, cette colline (Mt 21,1 ; Mc 11,1; Lc 19,29), à mille cinq cent mètres du Temple, se constitue de trois sommets : le Scopus au nord, le Mauvais Conseil au sud et le mont des Oliviers proprement dit au centre (818 mètres d’altitude). Sur le sommet de ce dernier se trouve la chapelle de l’Ascension (Ac 1,9-12) construite au IVème siècle, un petit octogone à ciel ouvert, où le Christ aurait laissé l'empreinte de ses pieds avant de quitter les siens. Depuis 1198, l'édifice a été recouvert d'une coupole et transformé en mosquée. Un peu plus bas se dressent l'église Dominus Flevit et l’église du Pater, bâtie en 1868 sur le lieu où, selon la tradition, Jésus enseigna cette prière à ses disciples (Lc 11,1). Au pied du mont des Oliviers, se situent le jardin de Gethsémani et le tombeau de la Vierge Marie. À l’époque du Christ, le Mont des Oliviers portait le nom hébraïque de " Mont de l’Onction ". C’était le lieu d’accomplissement solennel du rite rarissime de la vache rousse, indispensable à la fabrication des eaux lustrales nécessaires à la purification majeure du Temple.
Pater noster
- La basilique Eleona ou église du Pater se dresse sur les pentes du mont des Oliviers, au-dessus de la grotte du même nom (selon le grec elaion " [la grotte du jardin] des oliviers " ou elyona en araméen " la très haute ") où, selon une tradition tardive remontant aux Croisés, Jésus apprit à ses disciples la prière du Notre Père (Mt 6,9-13). C’est là aussi, selon EUSÈBE de Césarée vers 312, qu’il aurait prédit la destruction de Jérusalem et annoncé son retour à la fin des Temps (Mt 24,1-3 ; Lc 21,5-7). Une première église, construite par l’empereur romain CONSTANTIN au IVème siècle fut détruite par les Perses en 614 et reconstruite par les croisés au XIIème siècle. Aujourd’hui la basilique fait partie d’un monastère de carmélites fondé en 1875 ; sur les murs du cloître figure la célèbre prière du Notre Père en plus de soixante langues, dont une traduction récente en araméen, la langue parlée par le Christ.
Sépulcre (Saint)
- La basilique du Saint-Sépulcre recouvre et réunit ce qui reste de la colline du Golgotha où le Christ fut crucifié et le tombeau où son corps fut déposé et qui fut retrouvé vide (Lc 23,33 ; Mt 27,33).
Selon Jn 19,20 la crucifixion eut lieu hors de la cité mais à proximité des murailles. Or ce site se situe presque au centre de la vieille ville actuelle de Jérusalem. Toutefois des restes d’anciens murs ont été retrouvés à proximité. De plus la présence d’anciennes tombes juives à l’intérieur de l’enceinte de l’église confirme que ce lieu se trouvait à cette époque hors de la ville car la loi juive n’autorisait pas l’ensevelissement des morts à l’intérieur du périmètre de la ville sainte.
[[Image:|Le Saint Sépulcre à l'époque de l'empereur CONSTANTIN]] Vers 135, l’empereur romain HADRIEN fit recouvrir les lieux et y érigea un temple dédié à Jupiter. Loin de détruire le site le plus sacré de la chrétienté, cette action la préserva au contraire. Elle permit à l’empereur CONSTANTIN de bâtir en 324, sur l’emplacement du calvaire et du tombeau, la basilique du Saint Sépulcre, plus correctement appelée basilique de l’Anastasis, " la Résurrection " en grec. Les édifices construits par CONSTANTIN comportaient un atrium à trois portiques, un petit monument couvrant le Golgotha dans le coin sud-est et une église tournée vers le tombeau, recouvert d’une coupole. Cette basilique fut détruite par les Perses en 614, reconstruite ensuite fort modestement et rasée par le calife HAKEM en 1009. Elle fut restaurée par les Croisés à partir de 1048, sous une forme qui s’est conservée jusqu’à notre époque, malgré les ajouts ultérieurs, en réunissant sous le même toit, le tombeau, l’atrium et le Golgotha mais sans la basilique primitive.
Schéma des constructions de CONSTANTIN tiré de Jacques THOMAS, Jérusalem traditionnelle et initiatique, Jean-Cyrille Godefroy,1995
[[Image:|Le Saint Sépulcre aujourd'hui]]
Selon le Statuquo de 1852 et l’accord plus récent de 1959, l’église est mise à la disposition de plusieurs communautés chrétiennes qui y possèdent leurs propres chapelles : catholique, grecque orthodoxe, arménienne, syrienne, copte et éthiopienne. Les trois premières administrent également les zones communes de passage. Conformément aux traditions juives, la tombe comprenait deux parties : une chambre où se réunissait la famille lors des fêtes, correspondant à la chapelle de l’Ange actuelle et une seconde avec une plate-forme aménagée pour recevoir le corps.
Croquis tiré de Terre Sainte, Guide Gallimard, d'après PIERROTTI
1 Parvis 7 Rocher du Golgotha 11 Tombeau du Christ , chapelle copte et rotonde de l'Anastasis
14 Choeur des Grecs 20 Chapelle sainte HÉLÈNE 21 Invention de la Vraie Croix
Cette disposition classique se retrouve dans la " Tombe du jardin ", au nord-est de la porte de Damas.
Cet endroit, bien conservé, donne une bonne idée de ce que devait être un tombeau à l’époque du Christ mais ne peut pas être le lieu de la mort de Jésus comme l’affirment certaines églises protestantes.
[[Image:|Coupe est-ouest du Saint Sépulcre]]Détruite en 1009 elle aussi, la tombe ne contient plus qu’une dalle de marbre recouvrant le rocher d’origine, sous un édifice en marbre de style baroque, d’origine russe et datant de 1810. Celui-ci se situe lui-même sous la vaste rotonde de l’Anastasis. Dans une crypte excentrée par rapport au reste de la basilique appartenant à la communauté arménienne, l’impératrice HÉLÈNE, mère de CONSTANTIN, fit construire la chapelle de l’invention de la Croix, en souvenir de la redécouverte de la vraie Croix par ses soins.
tiré de Jacques THOMAS, Jérusalem traditionnelle et initiatique, Jean-Cyrille Godefroy,1995
Siloé (piscine de)
- Au VIIIème siècle avant Jésus-Christ, le roi EZÉCHIAS fit construire un tunnel de cinq cent trente mètres de long pour faciliter et protéger l’accès à la fontaine de Gihon, l’unique source d’eau de la ville de Jérusalem. Au débouché du tunnel il fit également construire une piscine, dite de Siloé dont le nom signifie " l’envoyé ".
Lors de la fête des tentes, les prêtres descendaient chaque jour à la piscine de Siloé pour y puiser de l’eau et la répandre ensuite sur l’autel dans le Temple. C’est à cet endroit et dans ce contexte liturgique que se situe le célèbre épisode de l’aveugle-né guéri par Jésus en Jn 9,1-40. De même, c’est avec l’eau de cette piscine que l’on fabriquait l’eau lustrale, en y mêlant de la cendre de la vache rousse.
Une église, construite en ces lieux au Vème siècle, fut détruite par les Perses en 614 et ne fut plus jamais reconstruite.
Sion
- A l’époque de David, Sion est le nom qui désigne l’éperon rocheux de 4 ou 5 ha, appelé également Ophel, situé entre la vallée du Cédron et celle du Tyropéon, sur lequel le roi bâtira sa capitale, Jérusalem.
Au 2ème siècle de notre ère, ce nom sera donné à la haute colline, à l’ouest du Tyropéon, où se situent également le Cénacle, la maison de Caïphe et la basilique de la Dormition.
Temple
- [[Image:|Le Temple de Jérusalem à l'époque d'HERODE ]]La tradition juive a identifié le mont qui domine la vallée du Tyropéon à Jérusalem avec le mont Moriah où ABRAHAM avait décidé d’immoler son fils ISAAC (Gn 22,1-22). C’est à cet endroit également que se situait l’aire d’ARAUNA le Jébuséen que DAVID acquit à la fin de son règne (2S 24,1) pour y édifier un temple à YHWH. Mais c’est son fils SALOMON qui réalisera ce projet en construisant le Temple, magnifique édifice qui sera détruit par la roi de Babylone, NABUCHODONOSOR en 586 avant Jésus-Christ. Bien que relevé par ZOROBABEL, il ne retrouvera sa splendeur que grâce au roi HÉRODE le Grand, de 20 avant Jésus-Christ jusqu’à 70 après Jésus-Christ, date de sa destruction par les troupes romaines de TITUS. Celle-ci ne laissèrent que l’esplanade actuelle et le Mur Occidental, appelé improprement Mur des Lamentations.
Celui-ci comprend, outre trois rangées supérieures constituées de petites pierres de restauration, une trentaine d’assisses d’époque hérodienne, formées par d’énormes pierres à bossage plat soit une vingtaine de mètres actuellement visibles et une quinzaine sous le niveau du sol moderne. Tiré de Bargil PIXNER, Avec Jésus à Jérusalem, Corazin, 1996
C’est cette merveille, appelée habituellement le Second Temple, que connut Jésus et ses disciples (Jn 7,37-39 : l’Eau vive ; Jn 2,13-21 : les vendeurs). Après sa profanation par l’empereur HADRIEN en 135, le mont MORIAH resta à l’abandon jusqu’à l’arrivée des arabes au VIIème siècle qui y édifièrent deux importants monuments toujours existants : le Dôme du Rocher et la mosquée El-Aqsa.
La pente générale du terrain étant orientée vers le sud, HÉRODE fit reposer l’esplanade dans cette direction sur de gigantesques voûtes murées appelées conventionnellement les écuries de Salomon ; vers le nord, au contraire, il fit entamer la colline de Bethesda pour y construire la forteresse Antonia. L’ensemble, d’une superficie d’environ 14 hectares, était appelé le Mont du temple. Il formait et forme encore un trapèze d’environ 500 mètres sur 300, de structure concentrique, se présentant comme une succession de places et d’enceintes, permettant le passage progressif du profane au sacré , selon sept niveaux successifs: [[Image:|Reconstitution du Temple de Jérusalem à l'époque d'HERODE ]]
Reconstitution du Temple de Jérusalem à l'époque d'HÉRODE tiré du CD-ROM de la "Cité de l'Évangile " (Roubaix) :
- Un ensemble de portiques extérieurs, formant une première enceinte : le parvis des Gentils.
- Une seconde enceinte surélevée, réservée aux membres d’Israël et interdite aux païens
- A l’intérieur de cette dernière, le Temple proprement dit décomposé en plusieurs espaces et salles
Voici quelques détails, de l’extérieur vers l’intérieur, du moins sacré vers le plus sacré, selon sept degrés successifs.
L’Esplanade actuelle ou Haram es Sharif forme un trapèze irrégulier, mesurant à l’est 462 mètres, à l’ouest 491 mètres, au sud 281 mètres et au nord 310 mètres. Les dimensions de l’Esplanade du Temple d’Hérode ne devaient pas être très différentes, soit cinq fois la superficie de l’Acropole d’Athènes ce qui en fait le sanctuaire le plus étendu de l’antiquité classique. Elle était entourée de portiques (3), sorte de galeries soutenues par des colonnes, de dimensions différentes. Celui de l’est, le portique de Salomon, qui faisait face au mont des Oliviers, était plus bas pour ne pas gêner la vue alors que celui du sud, le Portique Royal ou Basilique (2), beaucoup plus haut, s’élevait sur deux étages. Au coin nord-ouest se dressait la forteresse Antonia qui, du haut de sa butte, dominait les environs et au sud-est le Pinacle (Mt 4,5 ; Lc 4,9), l’endroit le plus élevé où l’on pouvait monter et d’où un prêtre annonçait le shabbat en sonnant de la trompe. De la terrasse du Pinacle jusqu'au niveau du Cédron, la dénivellation atteignait pratiquement 90 mètres, dont 45 mètres pour les murailles elles-mêmes.
L’accès à cette Esplanade se faisait par de nombreuses portes :
- Au nord, une liaison par un escalier grimpant jusqu’à l’Antonia et la Porte des Brebis ou de Tadi (8)
- À l’est, vers le Mont des Oliviers, la célèbre Porte Dorée (9) qui existait déjà à l’époque romaine. Elle fut murée par la suite pour empêcher le retour du Messie qui devait passer par ce chemin.
- Au sud-est, une porte surélevée permettant un accès au Portique Royal
- Au sud, la Porte Triple (à droite, pour l’entrée) et la Porte Double (à gauche, pour la sortie), conduisant directement au parvis des Gentils en passant par-dessous le Portique Royal. Elles étaient en relation avec un dispositif de rampes, d’escaliers monumentaux et de bains de purification récemment mis à jour et constituaient l’accès principal au Temple ; elles portaient l’appellation de Portes de Hulda (1), du nom du mausolée de la prophétesse de l’époque du roi JOSIAS qui se trouvait à proximité. A l’ouest, quatre portes s’ouvraient le long du Mur Occidental :
- Au coin sud-ouest, un escalier en forme de L reposant sur des arches dont la plus haute s’élevait à 25 mètres au-dessus du sol, reliait la rue du Tyropéon au Portique Royal par la porte Coponius . Les restes portent le nom d’Arche de ROBINSON (4).
- Une seconde porte s’ouvrait au niveau de cette même rue, d’une hauteur de 11 mètres pour une largeur de 5 mètres. Elle donnait accès à l’Esplanade par un passage souterrain d’une vingtaine de mètres, prolongé vers le sud par une rampe en pente et à angle droit, de 16 mètres de long. C’est la porte de BARCLAY (5).
- Vers le milieu, un pont reliant la ville haute au mont du Temple en passant par-dessus la vallée du Tyropéon : les voûtes existantes portent le nom d’Arches de WILSON. (6) Cette affirmation est toutefois contestée par l’archéologue BEN DOV qui y voit un autre escalier.
- Une quatrième porte, située au nord des trois autres, donnait peut-être directement accès à l’enceinte intérieure du Temple. Une arche, ajoutée par les Croisés par dessus la porte, a été appelée porte de WARREN. (7)
Entre l’espace profane ("hol" en hébreu) accessible aux païens, appelé Parvis des Gentils et l’espace sacré ("qodes" en hébreu) s’étendait un espace intermédiaire, le Hel (20), constitué par une plate-forme surélevée de 6 coudées (3,7 mètres). C’était le septième niveau de sacralité, le moins important. Le Hel conduisait aux neuf portes de l’enceinte sacrée intérieure. La plus importante, située dans l’axe du Temple, portait le nom de Belle Porte ou Porte orientale. C’est là qu’eut lieu la guérison du paralytique décrite en Ac 3,6-8 ; les autres étant des portes latérales sans doute utilisées par les prêtres dans l’exercice de leurs fonctions. On accédait au Hel par des marches et devant celles-ci le septième niveau de sacralité était délimité par le Soreg (21) (mot hébreu), mur bas fait de colonnettes d’ 1,3 mètre de hauteur environ, réunies par des stèles où étaient gravée en grec et en latin l’interdiction faites aux païens d’y pénétrer. Le Soreg était percé de treize entrées mais sa disposition exacte reste mal connue.
Schéma tiré de Michael AVI-YONAH, [[Image:|Schéma du Temple de Jérusalem]]Guide illustré de la reconstitution de la Jérusalem antique, Palphot, Israël. Chiffres en rouge dans le texte
A l’intérieur du Parvis des Gentils et complètement entouré par lui, était inscrit de manière décentrée l’enceinte intérieure du Sanctuaire qui se subdivisaient en plusieurs parties, à accès strictement réglementé :
Le Parvis des Femmes (13) (F), constituant le sixième niveau de sacralité, délimité par la Belle Porte et la Porte de Nicanor (12) du côté opposé, auquel avait accès les femmes en état de pureté rituelle. C’était une cour carrée de 135 coudées de côté, soit environ 60 mètres, avec quatre grandes salles d’angle entourées d’un portique :
- Au nord-ouest la salle des lépreux (15)(19), réservée à la purification rituelle des lépreux par immersion dans un bain spécial situé dans cette salle. La législation du Lévitique (chapitres 13 et 14) incluait, outre la lèpre proprement dite qui était incurable à l’époque, de nombreuses maladies de la peau guérissables d’où ce passage possible de l’impur au pur.
- Au sud-ouest la salle aux huiles (18) (18). À la différence des autres qui étaient entièrement à ciel ouvert, cette salle était en partie recouverte par une petite terrasse qui permettait aux femmes d’observer les cérémonies qui se déroulaient dans le Parvis des Prêtres, en contrebas.
- Au sud-est la salle aux nazirs (17)(21). Ceux-ci, de sexe masculin, s’engageaient par vœu à de nombreuses abstinences pour devenir consacré à Dieu. Dans cette salle prévue à cet effet, le rite de passage inverse consistait en la coupe de la chevelure et au nettoyage de la tunique spéciale qu’ils portaient.
- Au nord-est la salle au bois (16)(20), réservée au tri, par les prêtres affligés d’une infirmité physique, du bois qui alimentait le foyer de l’autel. En effet, tout bois attaqué par la vermine devenait impur. C’est à l’entrée de cette cour que se trouvaient également des troncs en forme de trompette, où les pèlerins pouvaient offrir leur contribution au trésor du Temple (Mc 12,43-44 : le don de la pauvre veuve). Quinze marches en amphithéâtre permettaient de monter vers une porte monumentale appelée Porte de Nicanor (17), en correspondance avec les quinze cantiques des degrés du livre des Psaumes. Elle était fabriquée en cuivre et portait le nom de son donateur, un juif d’Alexandrie. Sur celles-ci se tenaient le grand chœur des lévites, dirigé par un maître de chœur tandis en dessous se trouvait la salle des Lévites, servant au rangement des instruments de musique sacrée.
Le Parvis d’Israël (14) (E), cinquième niveau de sacralité, était réservé aux hommes et garçons juifs non prêtres, sans distinction de rang, pour leur permettre d’assister au culte du Temple. Long de 60 mètres sur 5, il se situait à 7 coudées (3,3 mètres) au-dessus du Parvis des Femmes et à 15 coudées (6,75 mètres) au-dessus du Hel. À l’inverse du précédent, il était étroit, couvert et entouré de colonnes. Une balustrade de mosaïque d’une hauteur d’une coudée le délimitait du parvis suivant.
Le Parvis des Prêtres (D), quatrième niveau de sacralité, comprenait l’espace entre le Parvis d’Israël et l’endroit où la dernière marche de l’escalier d’accès au Temple venait buter sur l’autel. Réservé aux prêtres sans infirmités physiques et en état de pureté rituelle, il constituait le lieu de la réalisation des sacrifices représentés par
- [[Image:]]L’autel (11) (12): au sud, de 32 coudées de côté et comportant trois étages en retrait l’un par rapport à l’autre, le foyer lui-même mesurant 24 coudées de côté. La hauteur totale était d’environ 10 coudées (4,3 mètres) et à 6 coudées du sol, se situait une sorte de chemin de ronde, le Sovev. Au sommet, des sortes de cornes d’une coudée de largeur s’élevaient aux quatre angles de l’autel. Sur le côté sud, on y accédait par une rampe d’accès (13) de 35 coudées de long, l’autel et la rampe étant construits avec des pierres brutes, non travaillées par l’homme.
- Les abattoirs sacrés, eux-mêmes constitués de deux parties :
une série d’anneaux qui servaient à maintenir les animaux, la tête vers l’autel, pour procéder à leur égorgement rituel (14)
une série de huit tables d’écorchage et de découpe des quartiers de viande sacrée à présenter sur l’autel. (15)
- On peut y ajouter, vers la gauche, le kiyor (16), un bassin à douze becs servant pour la purification des mains et des pieds des prêtres ainsi que près de la porte de Nicanor, l’estrade de prédication (I) servant à la récitation, par les Lévites, des Psaumes d’accompagnement. Surélevée, on y accédait par trois marches d’une demi coudée.
- à gauche, plan tiré de Jacqueline GENOT-BISMUTH, Jérusalem ressuscitée, FX de Guibert, 1992. Chiffres et lettres en vert [[Image:]]
à droite dessins tirés de Jacques THOMAS, Jérusalem traditionnelle et initiatique, Jean-Cyrille Godefroy,1995
Une douzaine de salles se trouvaient réparties le long de l’enceinte intérieure, sur trois côtés sauf à l’ouest. Citons en autre :
- Au coin sud-ouest, la salle à la Pierre de taille, siège du grand sanhédrin de 70 membres, endroit où les neuf prêtres officiant du matin venaient réciter le Shema, profession de foi d’Israël ainsi que le Décalogue et les bénédictions (3)
- La salle des Facteurs des pains de proposition, sorte de boulangerie sacrée où se préparaient et se cuisaient les douze pains de proposition exposés sur la table de l’Hekhal (7)
- la salle de préparation des galettes, offrande complémentaire à celle de l'agneau quotidien(10)
- La salle contenant le sel nécessaire pour les sacrifices (4)
- La salle où la panse et les intestins des animaux sacrifiés sur les abattoirs sacrés étaient vidés et nettoyés (6)
- la salle où les peaux des animaux sacrifiés étaient traitées au sel puis séchées. C’est là également que le grand prêtre changeait de vêtement lors de la fête de l’Expiation (Yom Kippour). (5)
- Trois salles de garde, dont deux en terrasse à l’étage supérieur
- à droite de la porte de Nicanor, le vestiaire sacré du grand prêtre. (11)
Le Sanctuaire lui-même (20) était composé principalement de trois salles en enfilade :
[[Image:]] tiré de Jacques THOMAS, Jérusalem traditionnelle et initiatique, Jean-Cyrille Godefroy,1995
- Le Porche (C) (" Oulam " en hébreu ) de 20 coudées de large sur 10 de profondeur et sur 60 coudées (livre d’Esdras) ou 100 coudées (traité Middoth pour le Temple d’Hérode) en hauteur soit 10 x 5 x 30 ou 50 mètres et un rapport de 2/3/4. C’est le troisième niveau de sacralité, avec l’escalier d’accès de 12 marches et de 3 mètres de dénivellation, s’étendant jusqu’à la limite de l’autel d’un côté et la porte de l’Hekhal de l’autre. Il est fort probable mais non certain qu’une chambre haute existait au-dessus du Porche, dans un massif de façade donnant sa hauteur à l’édifice. Deux colonnes, d’environ 12 mètres de hauteur totale, dont un chapiteau de deux mètres de diamètre étaient placées de chaque côté du porche, en avant de lui et ne supportant rien :Yakhin au sud et Boaz au nord.
- Le Saint (B) (" Hekhal " en hébreu) de 20 coudées de large sur 40 de profondeur et sur 30 coudées en hauteur soit 10 x 20 x 15 mètres et un rapport de 1/2/3. Il renfermait en son milieu l’Autel des parfums, revêtu d’or vers le sud, le célèbre chandelier à sept branches représenté sur les bas-reliefs de l’arc de TITUS à Rome et vers le nord la Table du pain de la Face ou pains de propositions. Ceux-ci, sans levain et au nombre de douze, étaient renouvelés à chaque sabbat comme offrande à Dieu ; ils ne pouvaient être mangés que par les prêtres. Cette pièce était fermée par une porte à deux ventaux et la lumière du jour y pénétrait par de nombreuses fenêtres. C’est le deuxième niveau de sacralité, accessible uniquement aux prêtres désignés pour le service du culte, après purification des mains et des pieds.
- Le Saint des Saints (A)(" Debir " en hébreu) de 20 coudées de large sur 20 de profondeur et sur 20 coudées en hauteur soit 10 x 10 x 10 mètres soit un cube parfait plongé dans l’obscurité et un rapport de 1, représentant la plénitude de Dieu. Isolé de l’Hekhal par deux voiles séparés d’une coudée et non par un mur, le Debir était complètement vide lors de sa profanation par le général romain POMPÉE en 63 avant Jésus-Christ et à l’époque d’Hérode. Au contraire, sous SALOMON, il avait abrité l’Arche d’Alliance, où se trouvaient les Tables de la Loi ainsi que deux gigantesques statues de chérubins. C’est le degré de sacralité maximale (premier degré), accessible uniquement au grand prêtre, une fois par an à la fête du Yom Kippour, pour y prononcer correctement le nom du Tétragramme divin (YHWH), afin d’obtenir l’expiation de toutes les fautes d’Israël. [[Image:]]
Remarquons que le Hekhal et le Debir ont conservé les dimensions exactes du Temple de Salomon (voir dimensions en coudées ci-contre).
Enfin, sur trois côtés s’ouvraient trois étages de chambres, de 5 coudées de hauteur et de largeur croissante selon les étages, soit 5,6 et 7 coudées, dont la reconstitution demeure hypothétique.
tiré de Jacques THOMAS, Jérusalem traditionnelle et initiatique, Jean-Cyrille Godefroy,1995
Via Dolorosa
- " La voie douloureuse " en latin ou " Chemin de Croix ".
C’est le nom donné à l’itinéraire traditionnel, depuis le Prétoire jusqu’au Calvaire, qu’emprunta Jésus, portant sa lourde croix, depuis le lieu de son jugement (Mc 15,1-20) jusqu’à celui de sa crucifixion et de son inhumation au Saint Sépulcre (Jn 19,16-22).
Quatorze emplacements marquent les quatorze stations traditionnelles de Jésus le long de la via Dolorosa, située dans les ruelles de la vieille ville de Jérusalem. Le parcours de cet itinéraire est arbitraire : il se fonde à la fois sur les récits évangéliques pour neuf stations et sur les affirmations de la Tradition pour cinq stations (les trois chutes de Jésus ou la rencontre avec Véronique). De plus le sol a été surélevé de plusieurs mètres depuis l’époque romaine.
Station |
Description |
Source |
Lieu traditionnel |
I |
Jésus est condamné à mort |
Cour de l’école coranique (Antonia) | |
II |
Jésus est chargé de la croix |
Monastère de la Flagellation (Antonia) | |
III |
Jésus tombe pour la première fois |
Tradition |
Via Dolorosa |
IV |
Jésus rencontre Marie, sa mère |
Tradition |
Via Dolorosa |
V |
Jésus est aidé par Simon de Cyrène |
Via Dolorosa : station de Simon de Cyrène | |
VI |
Véronique essuie le visage de Jésus |
Tradition |
Via Dolorosa : chapelle sainte Véronique |
VII |
Jésus tombe pour la deuxième fois |
Tradition |
Via Dolorosa |
VIII |
Jésus console les femmes de Jérusalem |
Via Dolorosa | |
IX |
Jésus tombe pour la troisième fois |
Tradition |
Via Dolorosa |
X |
Jésus est dépouillé de ses vêtements |
Saint-Sépulcre : Golgotha (chapelle catholique) | |
XI |
Jésus est mis en croix |
Saint-Sépulcre : Golgotha (chapelle catholique) | |
XII |
La mort de Jésus |
Les paroles de Jésus en croix |
Saint-Sépulcre : Golgotha (chapelle grecque) |
XIII |
Jésus est descendu de la croix : le côté ouvert |
Saint-Sépulcre : Golgotha (chapelle grecque) | |
XIV |
Jésus est mis au tombeau |
Saint-Sépulcre : Tombeau et Anastasis |
Au XIIIème siècle, son point de départ a été fixé par la tradition franciscaine sur l’emplacement de l’ancienne forteresse de l’Antonia, recouvert aujourd’hui par le couvent des Sœurs de Sion, dit de l’Ecce Homo (" Voici l’homme " en latin par référence à Jn 19,5), le couvent franciscain de la Flagellation et une école musulmane.
D’autres hypothèses, plus récentes, situent le prétoire de Pilate au palais forteresse du roi HÉRODE le Grand, appelé également mais par erreur Tour de David, situé à l’ouest de la vieille ville. Dans ce cas le le chemin de croix serait long de 150 mètres à vol d’oiseau et sortirait par la porte des Jardins, au pied de la tour Hippicos . Cependant aucune tradition ancienne ne s’y rapporte.
Ou bien au palais royal des Hasmonéens, situé plus près du Temple et dont l’emplacement est resté longtemps inconnu. Une ancienne tradition de Jérusalem connaît une église du Prétoire, appelée plus tard église Sainte-Sophie, située au nord-est de la célèbre basilique de l’empereur byzantin JUSTINIEN, la Haghia Maria Nea. L’emplacement de cette dernière a été retrouvé en 1970 lors des fouilles du quartier juif ce qui a conduit des archéologues à identifier le Prétoire de Pilate avec la belle et grande maison découverte lors de ces mêmes fouilles qui ne serait autre que l’ancien palais royal des rois hasmonéens. Dans ce cas, le chemin de croix, de moins de 500 mètres, passe par l’agora, une sorte de marché public et sort de la ville par la porte de Gennat ou porte du Jardin. Cependant d’autres archéologues identifient les découvertes avec le palais du grand prêtre Anne et de sa famille, le Beth Hanin.
Toutefois la localisation traditionnelle ne peut pas être entièrement rejetée, avec un prétoire situé au nord de l’Antonia, un chemin de croix de 200 mètres et une sortie par la porte du Crâne ( ?).
Auteur : Fernand LEMOINE
© EBIOR,
02/09/2008